Physique

Sun n’est pas quelqu’un sur qui le regard s’arrête forcément. Il ressemble à monsieur n’importe qui. Un mètre soixante quinze, pour soixante dix kilo environ, c’est une sorte de brindille que le vent semble pouvoir faire ployer sans souci, pourtant il se tient droit, ne baissant que rarement la tête. Une peau qui semble pâle, la couleur noire de ses cheveux jouant un rôle important à ce niveau, une bouche qui affiche facilement un sourire. Si vous remontez un peu sur son visage, vous pourrez croiser son regard, un regard qui peut, tour à tour, être franc, honnête, sérieux, moqueur – rarement – ou curieux. Ses yeux, gris sombre, peuvent, en fonction de la luminosité, prendre une teinte un peu plus acier bleuté ou noire. Lorsqu’il est concentré, ce qui n’arrive pas aussi souvent qu’il le faudrait, il faut l’avouer honnêtement, l’expression sérieuse qui apparait sur son visage semble le transformer en quelqu’un d’autre, complétement mais cela ne dure jamais très longtemps.

Son visage, quoi que fin, porte encore des traces de rondeurs enfantines qui lui donnent un air généralement avenant, comme s’il était facile de lui faire confiance.

Ses doigts, fins et assez longs, portent les traces de son entrainement acharné envers les instruments à cordes : certaines zones sont devenues plus dures comme recouvertes d’une sorte de corne, d’autres, à l’inverse sont parsemées de petites coupures qui semblent peiner à cicatriser, à moins qu’il s’agisse de nouvelles marques qui apparaissent régulièrement. Lorsqu’il est nerveux, il a tendance à grignoter le bout de ses ongles, voire les petites peaux qui se trouvent autour d’eux. Cela laisse d’autres marques.

Il tient difficilement en place, s’il est obligé de rester assis, son regard va papillonner de droite à gauche, d’une personne à une autre, sans s’immobiliser un seul instant, sauf si, réellement, il est concentré. S’il est debout, il va gigoter d’un pied sur l’autre, encore et encore, jusqu’à ce que quelqu’un lui demande expressément d’arrêter et il le fera… cinq minutes, avant de recommencer. Il semble perpétuellement en mouvement, peut-être même quand il dort.

Caractère

Maladroit : c’est probablement l’un des premiers adjectifs qui permet de qualifier Sun. Oh, il tente de faire attention, mais j’espère que vous ne tenez pas trop à ce joli vase qui se trouve sur le meuble à l’entrée, un geste et celui-ci finira immanquablement au sol, dans un fracas qui lui semblera s’entendre à plusieurs kilomètres.

Persévérant sera le deuxième. Pour preuve, les innombrables heures qu’il passe à s’exercer, aux instruments avec, il faut bien l’avouer, un certain talent, mais aussi au maniement des armes, où, cette fois, il faut reconnaitre qu’il est nettement moins à l’aise. Puis, il aime apprendre et ne rechignera jamais à découvrir de nouvelles choses.

Gentil. Peut-on voir un double sens à cet adjectif ? Eh beh, en réalité peut-être. Sun est un gentil garçon, prêt à rendre service lorsqu’on le lui demande, prêt à se plier en quatre pour faire plaisir. Mais, et là sera peut-être le souci : il est trop gentil, ce qui le rend assez facile à manipuler. En même temps, il apprend progressivement de ses erreurs, son jeune âge restant une excuse.

Patient : Sun est patient. S’il lui faut attendre plusieurs heures avant de réussir à observer quelque chose, ou réussir un accord, il le fera, sans se plaindre. L’un de ses passes temps préférés est, d’ailleurs, l’observation des insectes. Aussi étrange que cela puisse paraitre, il est capable de passer des heures dans les hautes herbes des plaines, jusqu’à ce qu’il puisse apercevoir une quelconque bestiole ailée ou dotée d’un nombre incalculable de pattes.

Dans les choses qu’il aime ou apprécie, on peut donc parler des insectes, mais aussi de toutes formes d’animaux. S’il n’est pas forcément à l’aise avec chacun d’eux, il n’a aucune peur ni aucune animosité envers eux. Comme tous les enfants, il a aimé grimper aux arbres et, comme tous les enfants, il en est tombé, cela ne l’empêche pas d’aimer toujours ça. En revanche, l’eau n’est pas son élément, s’il sait nager, il n’ira jamais par plaisir se baigner.

Si j’ai parlé de son implication dans l’apprentissage des instruments à cordes, je n’ai, en revanche, pas évoqué son instrument de prédilection : la flute. Si, pour les premiers il a besoin de réellement s’entrainer encore et encore pour réussir à maitriser les accords qu’il souhaite faire entendre, la flute semble être plus innée chez lui. Non pas qu’il n’ait pas besoin de pratiquer, loin de là, mais ça lui semble plus simple.

La toute dernière chose à noter au sujet de Sun, c’est son incapacité, lorsqu’il n’est pas captivé par quelque chose, à se concentrer. Son esprit aura tendance à être doué d’une vie propre, capté par tout et n’importe quoi, souvent n’importe quoi et même si la personne qui s’adresse à lui peut avoir l’impression de dire les choses les plus importantes du monde, pour Sun ça deviendra rapidement secondaire face au papillon qui se pose sur une fleur, face au nuage à la forme un peu étrange… face à la poussière qui brille au travers de la lumière.

Histoire

Premier souvenir.

Je cours vite, très vite. Je suis le plus rapide des petits garçons, personne ne peut me rattraper. J’ai chaud aussi. Je suis sûr que, si on me regarde, mes joues sont toutes rouges, parce qu’elles chauffent très fort. Mais je m’en moque, parce que je fais la course avec Lang et je suis en train de gagner. Ses jambes sont plus grandes que les miennes, mais il n’arrive pas à me rattraper, il n’y arrivera jamais ! en vrai, il me laisse gagner. Il me laisse toujours gagner, mais c’est pas grave, du haut de mes six ans je m’en rends pas compte, tout ce que je vois c’est que je cours plus vite que lui et c’est le plus important pour moi. En plus, y a maman et papa qui m’encouragent, alors tout est parfait dans le meilleur des mondes.

Deuxième souvenir.

Le son. La musique est partout, partout, elle m’enveloppe, elle me pénètre, je sens mon cœur qui bat en rythme. Je ne sais pas si ce souvenir prend place avant ou après le premier, mais je m’en moque. Tout ce que je retiens c’est la musique, elle m’entraine, elle me donne envie de mêler ma voix à son rythme, de mêler ma propre musique. Je veux apprendre, c’est probablement la première résolution que j’ai prise de ma vie. Petit garçon en train de dire à ses parents que, lui aussi, il veut apprendre à jouer d’un instrument pour mêler sa propre musique à celle des autres.

Troisième souvenir.

Mon troisième souvenir le plus important est plus… diffus. Enfin je crois que c’est le terme adéquat. J’ai la certitude que je n’aurais pas du me trouver à l’endroit où je suis. Je n’y suis pas vraiment à ma place. Je dois avoir huit ou neuf ans, je me souviens plus exactement – mais ce n’est pas très important de toute manière – et je suis caché. On ne doit pas me trouver parce que je me suis enfui pour ne pas assister à une leçon. C’est ennuyeux les leçons. Papa et maman ont beau dire qu’elles sont importantes, il y a plein d’autres choses importantes à faire comme, par exemple… être là, à espionner les grands pendant leurs entrainements. J’ai jamais été attiré par les armes, ça blesse les gens, les choses, moi je n’ai pas envie de blesser les gens mais faut quand même avouer que c’est fascinant de les regarder faire. Mais ce jour là, c’est pas vraiment un entrainement que je suis allé voir, en fait, j’ai suivi Lang quand il est parti avec une patrouille (ou peu importe le nom qu’on donne à ce type de groupe de gens). J’aurais pas dû, je le sais bien maintenant, je l’ai su aussi quand mon frère m’a engueulé comme jamais, mais sur le moment, ça me paraissait une excellente idée. Faut dire que, passer de « je suis caché dans les hautes herbes » à « je manque de me faire bouffer par une créature qui semble tout sauf inoffensive et qui ressemble à une araignée géante » en l’espace de même pas cinq minutes, c’est peut-être pas le meilleur plan du monde si on veut rester discret. Je crois que j’avais jamais eu aussi peur de toute ma petite existence. Je me souviens pas du retour à la maison, par contre je me souviens que j’ai été puni et, je me souviens aussi que c’est à ce moment là que j’ai commencé à prendre au sérieux les différents enseignements que je recevais, à ce moment là, aussi, que j’ai commencé à avoir une idée de ce que je voulais faire.

Quatrième souvenir ?

Non, pas vraiment. De cette prise de conscience quand j’étais enfant à maintenant, il s’est passé des choses, mais je ne suis pas sûr qu’elles méritent réellement d’être racontées. Je pense pas que vous ayez envie d’entendre que, lorsque j’avais onze ans j’ai été poursuivi par un chien ? Ou que, lorsque j’en avais 12 ou 13 je suis tombé d’un toit et que je me suis cassé le poignet ? Est-ce que c’est intéressant, aussi, de dire que je suis plutôt doué en calligraphie ? Réellement, c’est pas pour me vanter, ça fait partie des choses que je gère à peu près comme il faut. Je suis pas très doué en arts martiaux, mais je m’applique autant que possible, parce que plus tard, quand je serai grand, je veux pouvoir devenir quelqu’un capable de chasser les créatures comme celle qui m’a attaqué lorsque j’étais enfant, mais aussi, surtout, parce que je veux pouvoir faire équipe avec mon frère, Lang, lui, il chasse les Aberrations et les détruit, il les extermine.

Moi, je voudrais faire quelque chose d’un peu différent, mais avec lui. Moi, je veux purifier et non exterminer.