Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► Les jeux de son frère et sa sœur aînés. Ceux-ci n'ont qu'un an de différence, mais Wangyue, lui, est une demi-douzaine d'années plus jeune qu'eux. Lorsqu'il était encore un tout petit enfant, il contemplait, éperdu d'admiration, les jeux de ses aînés, qui lui semblaient mystérieux et compliqués. Il a aussi un très net souvenir d'eux lui racontant des histoires de toute sortes – son frère avait un penchant pour la narration d'histoires effrayantes de fantômes et d'Aberrations, qui lui ont valu , au cours de son enfance, quelques nuits de terreur... Il s'en souvient avec une affectueuse nostalgie. Peut-être, se dit-il, est ce à l'origine de la passion qu'il a développée pour les récits de ce genre.

• Quel est son statut familial ?
► Il est donc le plus jeune de sa fratrie. Ses parents, âgés, sont décédés à quelques mois d'intervalle, au cours de l'année 805. Son frère, dont il est très fier, s'est engagé dans l'armée impériale ; sa sœur, quant à elle, a épousé un pêcheur de la Province de Baoni.
Il a toujours vu sa mère travailler : elle était couturière pour un petit tailleur des quartiers populaires. Son père, quant à lui, était employé par l'Assemblée Yiheliste, où il occupait un poste aux responsabilités modestes, mais il était dur à la tâche, et suffisamment apprécié pour que l'on donne finalement une chance à son plus jeune fils, qui ne rêvait que de cette occasion. Wangyue quitta aussitôt son emploi de secrétaire chez le notaire local pour intégrer le siège de l'Assemblée Yiheliste à l'âge de dix- neuf ans, en tant que coursier, au plus bas niveau. Charge à lui de faire ses preuves puis de saisir les opportunités, lui avait-on fait comprendre.

A l'âge de vingt-deux ans, il fut mis à mal par une colonie de Kekadas (… bon, d'accord : par un Kekada. Ça va, juge pas. C'était un gros Kekada.), et sauvé par l'intervention d'une Yiheliste du clan Yiritai, Panmi Guo. Celle-ci lui fit une impression telle que, à peine quelques semaines plus tard, il se rendit jusqu'à la Province de Yaonin pour l'y retrouver et la demander en mariage. Très épris d'elle, il accepta sans objection les arrangements très particuliers qu'impose d'être marié à un membre du clan Yiritai. Yiheliste accomplie, lorsqu'elle se trouvait en Hitsai, Panmi effectuait très fréquemment des renforts et remplacements à la Frontière. Affectée ce jour-là au deuxième poste de garde, elle fut tuée lors de la brèche de l'année 802.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?
► Il est particulièrement attaché à un manteau dont son épouse lui avait fait cadeau peu après leur mariage. Elle y avait brodé des sceaux de protection, qui ne sont plus effectifs depuis longtemps, mais qui restent de précieux porte-bonheur – et oh, combien il aime les porte-bonheur. Il en possède une honorable collection, cumulée au fil du temps.
On a jamais trop de porte-bonheur et d'amulettes censées repousser toutes sources d'énergie néfaste (quoi ? On ne sait jamais. Imaginez que ça fonctionne réellement. Ça serait bête de ne pas tenter !), quand on vit en Anshul, il peut vous l'assurer.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► S'il devait se définir par une qualité, il voudrait se qualifier d'assidu. En effet, il est travailleur, soigneux, fiable et constant, extrêmement flexible, dans un souhait perpétuel de faire au mieux son travail. Même si on peut également le dire affable et ouvert d'esprit, l'assiduité est une qualité qu'on peut lui attribuer comme l'une de ses plus grandes.
Il a en lui une curiosité certaine, et une réelle admiration pour le Yihel et ceux qui le pratiquent. Il aurait aimé en être, bien entendu. Faute de destinée yihelle, sa grande passion sont les histoires épiques et surtout celles qui s'habillent de frisson horrifique. Rien ne l'enthousiasme davantage qu'un interlocuteur avec de terrifiantes anecdotes à raconter. Terribles combats, maisons hantées, forêts lugubres, trésors maudits, fantômes, démons, aberrations, il prend tout. Ah ! Ceux qui possèdent de telles aventures dans le cœur et sur la langue !

En terme de défaut, il désignerait le fait qu'il est superstitieux. Alors bien sûr, nombre de shulis le sont à divers degrés, mais lui atteint le niveau qui tend à ronger les nerfs - et pas les siens. Il en a conscience, ce pourquoi il en ferait mention comme principal défaut, mais en réalité, plus exaspérante encore serait sa loyauté excessive envers l'Assemblée Yiheliste. Il aurait le plus grand mal à remettre en cause les positions et décisions de l'institution : à ce jour, chacune d'entre elles est justifiable – et justifiée... L'A.Y sait, voyons...
Évidemment. Nul doute que l'A.Y, qui, rappelons-le, est composée exclusivement, et depuis sa création, de fonctionnaires civils - par souci d'impartialité, vous expliquera-t-on ! - possède une expertise similaire sinon égale aux Yihelistes en terme de Yihel...

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
► Un mètre soixante-dix-huit, précisément. Il n'est ni spécialement petit, ni spécialement grand. Il en va de même avec sa stature générale, qui se situe dans la moyenne.
Ses cheveux sont d'une teinte brun foncé, profond, quasiment noire. Son visage est classique et se dessine en un ovale des plus courants ; la teinte de sa peau, au naturel, se situe dans des teintes intermédiaires. Le regard, brun, est investi pour l'essentiel du temps, de divers degrés d'intérêt. Ce regard est une jauge fiable de son état d'esprit, parce que plutôt très expressif, à l'instar de ses sourcils dont la mobilité se veut éloquente, sa bouche au sourire facile, et, dans une moindre mesure, le visage en globalité.  
Son taux d'impassibilité est assez faible au naturel. Il y prête davantage d'attention et perd en spontanéité lorsqu'il travaille – il faut être et faire sérieux ! mais en dehors, et surtout pris inopinément, c'est quelqu'un de plutôt facile à lire, et, globalement, un visage volontiers avenant.  

• Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?
► De manière globale, il ressent vis à vis des Aberrations en général la même épouvante que la plupart des non-Yihelistes : inconnues et imprévisibles en plus d'être hostiles et hideuses. Mais, pour des raisons évidentes, il garde un souvenir particulièrement terrifiant des Kekadas, et, s'il n'en croise plus jamais, il mourra heureux (dans longtemps, si possible, merci d'avance karma, bisous.)

• Son souhait le plus récent
► Envoyé récemment à Jürkhan, dans la Province de Songhi, chargé de nombre de rapports à remettre en main propre à un haut fonctionnaire – enfin, à son cabinet, plutôt... Durant le chemin, il a émis le souhait rêveur d'être autorisé à entrer à Se-Songhi, animé de la curiosité bien naturelle de voir les splendeurs de la ville de l'Empereur. Voeu vain, évidemment, aussi dévoué soit-il à sa tâche, les roturiers sont tout juste autorisés à admirer les portes de loin ! Et pas trop intensément, non plus. Faudrait pas les souiller avec les regards de gens du commun.

Questionnaire de Caste

Il s'agit d'un Civil

• A quel groupe social appartient-il ? (est-il aisé ? Modeste ? Miséreux?)
► Définitivement, il appartient à la classe moyenne de la Province de Hitsai. Ses revenus lui viennent exclusivement de son emploi au sein de l'administration de l'Assemblée Yiheliste. Wangyue n'a grimpé les échelons de l'administration qu'à la faveur de la chance et du zèle : être là au bon moment n'est pas si difficile si on est là tout le temps. Argumenter qu'on peut accomplir telle tâche n'est pas compliqué si on l'a déjà effectuée en plus des siennes. Assurément, Wangyue sacrifie tous les aspects de son existence au Palais des Sept Fleurs, mais travailler pour l'administration de l'A.Y est, aussi singulier que cela paraisse, son rêve d'enfant.
La plupart des gamins d'Anshul ont un jour joué aux Yihelistes terrassant des Aberrations ! Eh bien, son intérêt à lui s'est ainsi concrétisé.
Il occupa tout d'abord le poste de coursier, puis fut affecté à la copie des listes de recensement au sein du service dévolu à la manufacture des jades d'identification ; il y fut ensuite l'assistant de l'assistant d'un sous-chefaillon, puis l'assistant d'un autre sous-chefaillon, avant de remplacer le vieillissant chefaillon en question. De la manufacture des jades, il arriva, à l'âge de vingt-deux ans, au service administrant l'enseignement yihel, un sujet vaste et passionnant. C'est sincèrement à regret qu'il quitta ce service, trois ans plus tard, lorsqu'il eut l'opportunité de davantage de responsabilités au sein de l'équipe gérant les postes de garde à la Frontière. Il y resta jusqu'à la la brèche de l'année 802. Alors âgé de vingt-six ans, il intégra le service d'administration des sceaux, et y demeura jusqu'à l'hiver 807. Ce n'est que là qu'il accéda à un poste convoité en devenant l'un des membres de la petite équipe de rédaction de l'Assemblée.
Son travail consiste à assister aux réunions de l'Assemblée Yiheliste en se faisant des plus discrets, et à prendre note d'absolument tous les propos émis et échangés entre membres participants à la réunion, puis de rédiger un compte-rendu qui sera précieusement transmis à d'éminents messieurs sans nom ni visage, puis archivé dans les entrailles du Palais.
Au vu de la concentration épuisante qu'un tel travail requiert et la nécessité absolue d'une exactitude parfaite, une même personne n'officie pas à deux réunions d'affilée, spécialement durant les semaines de convocation annuelle des chefs de clan où elles s'enchaînent.
De fait, entre deux affectations, il œuvre dans l'un ou l'autre des services dont il a l'expérience, au gré des besoins ponctuels – bien qu'il peine encore à se remettre à l'administration des postes de garde.

• Est-il originaire de la Province où il vit ? Si non, d'où vient-il ?
► Oui. C'est un citadin complet et absolu. Ses parents étaient originaires de Shoyi, mais se sont établis en Hitsai avant sa naissance. Hormis les voyages qu'il a dû effectuer, dont une bonne partie pour le bénéfice de l'Assemblée Yiheliste, il a presque toujours vécu en Hitsai. Presque, parce qu'après son mariage, il a vécu un an dans la Province de Yaonin, au sein d'un petit village tout proche du domaine Yiritai, village qui était, il faut le dire, presque entièrement constitué d'hommes dans sa situation. Ce fut une étrange expérience.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des demi-démons ?
► Ce sont des êtres néfastes et maléfiques. C'est vrai, ils n'ont pas demandé à être ce qu'ils sont, mais à ce compte-là, les Aberrations non plus, ce n'est pas pour autant qu'on les laisse semer le chaos.
Se-Hitsai pullule de jeunes – et moins jeunes – demi-démons vivant dans une grande misère, et comme tous les habitants de la ville, il est accoutumé à les apercevoir, de temps en temps, lorsqu'ils quittent leurs trous à rat pour rôder en quête de subsistance. Il sait qu'il ne devrait pas, mais, parfois, lorsqu'ils sont trop chiffonnés par la vie ou trop jeunes, il est pris de pitié et laisse tomber quelques pièces en détournant les yeux et en pressant le pas.

• Au sein du Panthéon, prie-t-il un dieu en particulier ?
► Il s'en remet à eux assez souvent, à vrai dire. Il voue une grande confiance à Jian, si bienveillant. Mais c'est au temple de Wenrô qu'il se rend le plus souvent.
A noter qu'il a probablement au moins été maudit par Sha, parce que malgré ses efforts à maîtriser le xiao - un défi lancé dans son adolescence par sa soeur aînée - il a toujours été incapable d'en jouer sans produire une avalanche de fausses notes. Il s'y obstine pourtant encore, de temps en temps, toujours en vain. Ses voisins le détestent.

• A-t-il des ambitions pour le futur ? Si oui, lesquelles ?
► Il aimerait gravir encore quelques échelons, obtenir un poste plus élevé, mais il sait bien que, pour un homme de sa condition, il est quasiment au maximum de ce qu'il peut atteindre. Les affectations plus prestigieuses sont tacitement réservées aux relations et connaissances des hautes instances de l'Assemblée. Il n'en ressent pas spécialement d'amertume, d'ailleurs, c'est simplement comme ça que vont les choses.
D'un point de vue plus personnel, il aimerait grandement prendre le temps de voyager à travers l'Empire à titre privé. Anshul est un pays merveilleux, il le voit bien lorsque ponctuellement, il effectue des sauts de puce d'une Province à l'autre, aussi rapidement que possible, et ô combien il a envie de s'attarder à visiter les splendeurs qu'il ne fait qu'entrevoir. Mais cela reviendrait à s'absenter un long moment, il doute fort de pouvoir s'arranger une seconde fois sans y risquer sa carrière.
Après un très long deuil, il songe aussi, parfois, à se remarier, peut-être un jour... Et avoir un ou deux enfants, peut-être ? Mais ce n'est pas là un projet si facilement réalisable.

Texte RP

Année 798

Sulko ! La Province où les aspirants-yihelistes venaient arracher, parfois au prix de lourdes blessures, le droit d'échanger leur jade blanc d'apprenti contre la très convoitée pierre verte des Yihelistes confirmés. La Province où ils concrétisaient ce qu'ils avaient cumulé comme acquis pendant douze années d'efforts et de travail acharné. La Province, aussi, de laquelle certains ne revenaient pas, malgré la vigilance des Maîtres-Yihelistes en charge d'inspecter discrètement le terrain au cours de l'épreuve. Les apprentis risquaient leur vie au Test de Confirmation, c'était un fait normal, tristement normal, et que tout le monde acceptait comme tel.

Wangyue n'était ni un apprenti Yiheliste, ni un Maître-Yiheliste, ni un Yiheliste tout court, et sa présence aurait été incongrue et prohibée en Sulko s'il n'y avait été envoyé par son chef de service.
Il avait alors vingt-deux ans et il travaillait pour l'Assemblée Yiheliste depuis trois années seulement. Quant à ce poste dans le service dédié à l'enseignement yihel, il l'avait obtenu à force de beaucoup de labeur et de dévotion sans faille ! Ça lui avait coûté plus de nuits blanches qu'il ne l'aurait souhaité, mais il fallait bien faire ses preuves pour être reconnu comme un fonctionnaire de confiance, et puis il était encore bien assez jeune pour le supporter.
Il était, néanmoins, vraiment fier de lui.
Mais dans l'immédiat, il était surtout extrêmement impressionné de se trouver là, au niveau de la barrière d'énergie qui isolait l'effroyable Province de ses voisines. Les membres de l'Assemblée Yiheliste référents au Test, des hommes bien plus haut placés que lui, étaient présents chaque année durant l'épreuve, mais, par prudence élémentaire, ils demeuraient hors des limites de Sulko, dans la bâtisse installée à cet usage sur le territoire de Yiepai.

Il se sentit donc incroyablement intimidé et étrangement privilégié lorsqu'il arriva devant l'homme vêtu de l'habit gris du clan Hile qui se trouvait à proximité de l'unique accès à la Province. Un jade bleu-vert suspendu à son cou reposait sur sa poitrine, attestant de son statut de Maître-Yiheliste – les seules personnes, en dehors des apprentis, qui étaient admises dans l'enceinte de Sulko dès lors que l'épreuve commençait.
L'homme du clan Hile lui barra naturellement le passage d'un bras, et Wangyue, en arrivant à sa hauteur, s'empressa de le saluer et de lui remettre la missive cachetée remise par son supérieur. L'homme haussa un sourcil et décacheta le courrier, avant de le parcourir des yeux, puis leva sur l'arrivant un regard dont l'étendue de l'incrédulité s'harmonisait à merveille avec le bout pointu de la contrariété qui perçait dans sa voix.

« … Sérieusement ? Le Test va débuter dans trois heures à peine, et c'est le moment et l'endroit que choisit l'Assemblée Yiheliste pour recueillir l'opinion des Maîtres-Yihelistes en vue d'une réévaluation de l'âge minimum requis pour enseigner ?? 
- Eh bien, » commença Wangyue en prenant bien garde à s'exprimer de manière aussi formelle que polie, comme un parfait fonctionnaire, « ma hiérarchie a jugé que c'était le moment adéquat, puisque vous êtes un grand nombre à être...
- Que se passe-t-il ? » s'enquit une femme vêtue de bleu en approchant. Elle aussi, bien sûr, arborait le jade bleu-vert en évidence sur sa tenue typique du clan des steppes.
« Si vous ne craignez pas la déraison, Dame TianLang, je vous invite à lire ceci. » répondit l'homme du clan Hile en lui tendant la lettre.
« … réunis ici, je comprends, bien sûr, votre réticence, mais si vous me laissez vous exposer... 
- Ah ! »  s'exclama un homme en vert en s'arrêtant à la hauteur du petit groupe et en se penchant vers la lettre que parcourait la femme. « Est ce enfin la liste définitive des apprentis Yifu ? On l'attend depuis ce matin, j'imagine qu'ils doivent être occupés à la relire pour la millième fois – ah, non, ce n'a pas l'air d'être ça...
- … la situation, je ne doute pas que la demande paraîtra légitime. L'Assemblée Yiheliste a mené une étude poussée au cours des six derniers mois, visant à mettre en lumière que l'âge...
- Ils exagèrent ! » s'indigna la femme TianLang en tendant la lettre à l'homme en vert. « S'occuper de ça maintenant ! Nous n'avons plus que quatre heures devant nous avant de faire entrer les apprentis !
- Non, trois. »  rectifièrent en choeur les Yihelistes Hile et Bao, ainsi qu'un homme en rouge qui avait saisi les mots au vol et s'arrêta en prenant la lettre qu'on lui tendait.  « Qu'est ce que c'est ? Est-ce bien le moment pour s'attrouper ? 
- … requis des enseignants était potentiellement trop élevé et pouvait générer des pénuries d'instructeurs au sein de certains clans, ce qui amènerait le service compétent...
- Les dernières rondes doivent partir bientôt, non ? On est déjà pas assez nombreux cette année. »  s'emporta l'homme Bao.
« Mais c'est une demande claire de l'Assemblée. »  objecta la femme en bleu en désignant la lettre que lui rendait du bout des doigts l'homme en rouge dont la désapprobation était affichée sur le visage.
« Il va devoir suivre un des groupes, alors. » trancha l'homme Hile en croisant les bras.
« Pas le mien ! » se dédouanèrent dans un bel unisson les trois autres Yihelistes, plus un nouveau venu, vêtu de turquoise, qui fit écho par facétie avant de s'enquérir « Que viens-je de refuser, au juste? » , ce qui lui valut de se voir remettre la missive à son tour.
 « ... à soumettre un abaissement de l'âge minimum requis pour les Maîtres-Yihelistes de trente à vingt-quatre ans. »  acheva Wangyue en tâchant de ne pas se démonter. Il se félicitait pour son abnégation, avant d'aviser que cinq paires d'yeux effarés étaient fixés sur lui.
« … C'est ça, la proposition de l'Assemblée ? Devenir Maître-Yiheliste à vingt-quatre ans ? »  gronda la femme TianLang en fronçant les sourcils.
« Ce serait l'objectif. »  lui assura-t-il avec un sourire affable qu'il maintenait sans trop savoir comment – qu'on garde à l'esprit ô combien était intimidante la situation, pour lui. La Yiheliste en bleu plissa les yeux alors que l'homme en rouge reprit :
« Je n'ai jamais rien entendu d'aussi stupide depuis que le clan Bao-...
- Toute comparaison est vaine. »  coupa rapidement l'homme Hile avec un beau réflexe. « C'est évident ! Qui pourrait encourager une chose pareille ? Même à trente ans, la plupart d'entre nous estime ne pas avoir acquis une si grande assurance. Nous serions plutôt d'avis à repousser cet âge. Enseigner est une lourde tâche et une responsabilité immense. »
- Pourquoi vingt-quatre ? » questionna l'homme en turquoise, perplexe « Pourquoi précisément vingt-quatre ? Ce chiffre a-t-il un sens ?? On dirait que ça a été tiré au hasard!»

Toutes ces paroles parurent faire l'unanimité. Le regard de Wangyue passait sur chacun des visages, en évitant soigneusement celui de l'homme en vert qui semblait furieux - c'était légèrement effrayant.
Certes, il entendait leur contrariété et leur désaccord tant au projet qu'à sa présence, mais il se devait de faire ce pour quoi on l'avait envoyé !

Il prit une grande inspiration, et résolut de reprendre les termes de son chef de service – un homme très respectable qui lui avait prédit une grande carrière ! Ne vous laissez pas faire, avait-il sèchement recommandé, les Yihelistes ont toujours tendance à dramatiser et à exagérer le moindre imprévu ou le moindre obstacle.

« … Seigneurs – et Dame – Yihelistes, ne pensez-vous pas que, disons, vous... tendez à forcer un peu – un petit peu... le trait quant à la difficulté de... d-de votre... »  Il prit conscience qu'il avait fait une lourde erreur avant même d'achever sa phrase – sa voix, d'ailleurs, le comprit bien avant lui, au vu de la façon dont elle buta sur un mot avant de mourir au pied du suivant.

Il n'aurait pas dû.

C'était ce qui clignotait dans son esprit, un clignotement d'alarme au néon dans chacune des couleurs de tous les clans d'Anshul ! Le silence était aussi opaque que les brouillards d'automne sur les berges nord du lac Lua ! Les regards qui pesaient sur lui étaient plus lourds  que les jours qui précédaient les visites d'inspection des hauts dignitaires de Songhi !!

Il déglutit.

Il n'aurait pas dû.