Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► Les heures qu’il a passées avec sa mère penché sur un manuscrit aux superbes illustrations, tentant de déchiffrer les mots, tandis qu’elle lui racontait l’histoire de Rikaya, l’apprenti Yiheliste qui a chevauché un dragon et touché la lune. La neige scintillante derrière la fenêtre, sur le balcon et les montagnes alentours, mais dont le froid ne l’atteignait pas, bien réchauffé comme il l’était par un bon feu dans l’âtre et une tasse de thé fumant.

• Quel est son statut familial ?
► Shiwen est veuf et père d’un fils de onze ans nommé Wenyan. Il s’est marié à 25 ans avec une jeune femme de son clan. Il s’agissait d’un mariage arrangé par leurs familles respectives et ils ne se connaissaient pas bien. Sans doute auraient-ils pu apprendre à se connaître, même à s’aimer, si Shiwen n’avait pas passé plus de temps dans la bibliothèque du clan que dans leur domicile conjugal et si son épouse n’était pas décédée quelques mois après la naissance de leur fils. Shiwen n’a jamais envisagé de se remarier : il avait déjà un héritier, sa mère accepta volontiers de s’occuper dudit héritier et il jugeait cruel d’épouser une femme si c’était de toute façon pour qu’elle ait un mari fantôme (car il ne comptait pas changer ses habitudes bibliothécaires).

Cela fait donc presque dix ans qu’il est marié à son travail et cela lui convient très bien. Il a une relation cordiale avec ses parents ainsi qu’avec ses cinq sœurs (toutes plus jeunes que lui, certaines plus proches en âge de son fils que de lui) et il commence à avoir assez de neveux et nièces pour les confondre, d’autant plus qu’il n’est pas particulièrement proche d’eux. Le seul regret de Shiwen dans ce tableau familial bien ordonné, c’est de ne pas parvenir à avoir une relation plus proche avec son fils. Il ne sait pas comment s’y prendre avec les jeunes enfants, et il a donc été un père plutôt absent pendant les premières années de l’enfant. Heureusement, les choses s’améliorent un peu depuis que le garçon est en âge de communiquer plus ou moins normalement, et il vient de temps en temps retrouver son père dans la bibliothèque. Quand il arrive à se tenir tranquille.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?
► L’objet auquel Shiwen tient le plus est en fait un ensemble d’objets : l’immense bibliothèque rassemblant tout le savoir de son clan. Il prend grand soin des ouvrages placés sous sa garde, veille à ce que chacun soit à sa place indiquée et à ce que personne ne vienne fouiner là où il ne devrait pas. Voir un livre se faire malmener est d’ailleurs une des rares choses capables de le faire sortir de ses gonds.

Père distant, il tient pourtant énormément à son fils, et pas uniquement par sens du devoir. Dans une moindre mesure, il aime également sa famille proche. Il a peu d’amis, mais suffisamment de connaissances avec qui il est en de bon termes pour ne pas se sentir isolé.

Quant aux animaux, Shiwen les considère comme une source de désordre et les préfère loin de son quotidien bien ordonné. Certains ont leur utilité, que ce soit comme partenaires de Traque ou comme monture, mais ceux-là mis à part, les seuls animaux qu’il soit susceptible de voir quotidiennement sont ceux qui arrivent cuits dans son assiette.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► Shiwen citerait comme principales qualités sa minutie et son sens de l’organisation. Il sait toujours où se trouve chaque ouvrage sous sa responsabilité, a une calligraphie millimétrée et, qu’il s’agisse de son lieu de travail ou son chez-soi, son environnement est toujours impeccablement rangé. Chaque chose à sa place, rien dans le chemin. Il voit également son sens du devoir comme une qualité, mais une qualité évidente chez tout membre de son clan (ou même tout Yiheliste) qui se respecte. C’est d’ailleurs par pur sens du devoir qu’il a emprunté la voie du Yihel, plus intéressé par les ouvrages de la bibliothèque que par la Traque. Quant à son principal défaut, il citerait son incapacité à interagir avec les enfants. C’est bien simple : il ne sait pas comment communiquer avec eux, les trouve imprévisible et chaotiques et est par conséquent très mal à l’aise en leur présence. Un défaut qui serait un détail insignifiant pour un homme de sa position, s’il ne compliquait pas les interactions avec son fils. Bien que parfaitement satisfait de laisser sa mère élever l’enfant, il aimerait toutefois avoir une relation plus proche avec son fils, dont il est le seul parent vivant. Vivement qu’il devienne un homme.

Et pourtant, pourtant, Shiwen n’est de loin pas aussi incapable avec les enfants qu’il le croit. Sa patience, une qualité qu’il sous-estime, le rend généralement lent à la frustration et à l’emportement. Et puisque, faute de savoir comment interagir avec des enfants, il leur parle comme à des adultes, bon nombre d’entre eux sont ravis d’être traités « comme des grandes personnes ». Même s’ils ne comprennent pas toujours ce qu’il raconte. Quant à sa minutie à laquelle il tient tant, celle-ci frise l’excès : le manque d’ordre le frustre et il a tendance à remettre à sa place tout ce qui, à ses yeux, ne l’est pas… même s’il s’agit de bouger un encrier de deux centimètres.

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
► D’après sa mère et ses sœurs, Shiwen est un bel homme. Il accepte leurs compliments sans ciller, bien conscient qu’elles sont tout sauf objectives.

Voyons donc ce qu’il en est objectivement. De taille et de corpulence moyennes, Shiwen n’est ni imposant ni un gringalet. Il a de longs cheveux noirs de jais qu’il attache généralement pour qu’ils ne lui tombent pas dans les yeux et des yeux presque aussi foncés que ses cheveux. À l’exception d’un point de beauté sous son œil gauche, sa peau a le teint pâle de celui qui passe plus de temps en intérieur qu’à la lumière du soleil, sans qu’il ait toutefois l’air maladif. Ses mains sont plus habituées à manier le pinceau que l’épée, mais possèdent tout de même les cals distinctifs du maniement de l’épée durant son entrainement Yiheliste.

Niveau vestimentaire, Shiwen arbore généralement les couleurs de son clan. Il préfère les vêtements lui laissant une bonne liberté de mouvements, mais sans pans de tissus susceptibles de voler dans tous les sens ou d’accrocher quelque chose. Les larges manches ou les capes qui volent ne font donc absolument pas partie de sa garde-robe habituelle. Il possède par contre un monocle qu’il utilise régulièrement pour étudier le détail des manuscrits qu’il manipule.

Dans l’ensemble, Shiwen donne souvent une impression générale de calme compétence (sans doute entre autres parce qu’il est rare de le voir sortir de sa zone de confort). Son visage s’anime assez peu, et quand c’est le cas, ses expressions sont généralement subtiles, ce qui fait que son visage n’arbore encore aucune ride. Ce visage impassible peut être pris comme une excellente maîtrise de soi, voire une distance hautaine, mais la vérité est qu’il est tout simplement peu expressif. Et il n’est pas particulièrement doué en bluff lorsqu’il doit réellement maîtriser ses expressions. Les mouvements de Shiwen sont précis et efficaces sans être pressés. Il n’y a que lorsqu’il guide un visiteur dans le labyrinthe qu’est la bibliothèque de son clan qu’il marche rapidement, comme s’il avait hâte d’atteindre sa destination. Il s’agit en fait d’une énième manière d’empêcher le visiteur en question de prendre des points de repères dans ce méli-mélo d’étagères et, donc, d’aller fouiner là où il ne peut pas.

• Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?
► Les termites. Ces immondes créatures rongeant bois et papier sont capables de ravages presque aussi graves que le feu et sont donc le cauchemar de tout bibliothécaire qui se respecte ! Bien sûr, jamais une de ces abominables bestioles n’a franchi le seuil de la bibliothèque du clan Yifu, mais ça n’empêche pas Shiwen d’être prêt à les traquer et les exterminer si cela devait arriver et— Ah, on parle des Aberrations étudiées durant l’entrainement de Yiheliste ? Dans ce cas, les Khurgis. Déjà, ils sont apparus trop récemment pour avoir été abordés durant l’entrainement de Shiwen, et s’il se retrouvait face à eux, il devrait donc improviser bien plus qu’à l’accoutumée. En plus, ils volent, donc même le nid d’aigle bien protégé qu’est le domaine Yifu n’est pas forcément à l’abri de ces répugnants insectes. Et ne parlons même pas de leur mode de reproduction. Bon, par contre, leur apparition a permis aux clans Yifu et Sunlin de renouer leur alliance. Comme quoi, les Khurgis ont eu une utilité. C’est plus qu’on ne peut dire des termites.

• Son souhait le plus récent
► Mais baissez donc d’un ton et ne parlez pas tous à la fois ! Souhait silencieux mais un peu désespéré réitéré à chaque fois qu’il se trouve en présence d’un groupe d’enfants babillants.

Questionnaire de Caste

Il s'agit d'un Yiheliste

• Est-il né au sein du clan auquel il appartient ? Si non, où est-il né, à quel âge et pourquoi a-t-il rejoint son clan ? (Si c'est un Égaré, de quel clan provient-il et pourquoi l'a-t-il quitté?)
► Oui, il est né au sein du clan Yifu. Plus précisément, il est né au sein d’une branche secondaire du clan, cousine de la branche dirigeante. Depuis des générations, sa famille se consacre à l’entretien, l’enrichissement et la garde du savoir qui fait la fierté du clan Yifu. Comme son père avant lui et son grand-père avant son père et (ouais, bon, vous avez saisi l’idée), Shiwen a reçu une éducation poussée dans de nombreux domaines scientifiques, littéraires, historiques ainsi qu’en expertise et entretien des livres et manuscrits. Et, peut-être plus important encore, il a appris à s’y retrouver dans le labyrinthe inextricable de la bibliothèque du clan.

• Quel est son rôle et/ou sa fonction dans son clan ? (Si c'est un Égaré, quelle était sa fonction au sein de son ancien clan ?)
► Shiwen est « gardien du savoir », ce qu’il traduit généralement par « bibliothécaire », un titre moins ronflant mais plus clair pour les non-initiés. Un poste plus ou moins héréditaire dans sa famille, mais pour lequel il a tout de même travaillé dur (et volontiers !) Au fil des années, Shiwen s’est vu confier de plus en plus de responsabilités. D’abord chargé d’expertiser et classer des ouvrages de moindre valeur, il a ensuite pu guider (et surveiller) des visiteurs de passage, participer à la restauration d’ouvrages plus précieux… De nos jours, il est responsable de la bonne gestion d’une section de la bibliothèque. Concrètement, cela veut dire qu’il est chargé de s’assurer que chaque ouvrage est en bon état et à sa place, que les ouvrages empruntés sont rendus dans les délais, que les visiteurs ne trainent pas là où ils ne peuvent pas, que le savoir déjà considérable du clan soit constamment enrichi… Bref, c’est une tâche aussi prenante que fascinante qu’il ne troquerait contre une autre pour rien au monde.

• Quelle est sa spécialité ? (extermination / purification)
► Extermination. Avec sa calligraphie nette et soignée, il aurait pu envisager la voie de la Purification, mais il n’a déjà suivi son entrainement de Yiheliste que par sens du devoir et ne tenait pas à prolonger encore cette formation d’un an (ou plus !) alors qu’il pourrait enfin se concentrer pleinement sur des tâches l’attirant plus. Il ne pratique d’ailleurs plus que très rarement le Yihel, même s’il s’entraine encore plus ou moins régulièrement pour ne pas perdre les compétences acquises et être pris au dépourvu s’il était appelé à pratiquer à nouveau.

• Quelle est son arme yihelle ? Quel nom porte-t-elle ?
► Il s’agit d’une épée portant le nom de Connaissance Fatale. C’est une arme de famille ayant appartenu à son arrière-grand-père paternel, puis à son oncle, avant que celui-ci ne soit tué en Gedo, piétiné par un taureau enragé. Triste fin pour un Yiheliste aussi talentueux. Et peut-être aussi pour son arme, puisque l’épée passe maintenant le plus clair de son temps dans son fourreau dans le salon de Shiwen, sauf lorsqu’il part en voyage.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des demi-démons ?
► L’idée même qu’un être de l’Autre Monde puisse souiller un être humain ainsi et infecter l’humanité de sa nature démoniaque est révoltante pour Shiwen. Il n’a par contre pas eu énormément affaire à des Demi-Démons autrement que comme sujet abstrait de l’un ou l’autre texte. Sur le terrain, le fait qu’ils (ou en tout cas certains d’entre eux) semblent si humains comparé aux autres Aberrations pourrait lui causer des difficultés.

Texte RP

Poc, poc, poc…

La partie du corps de Wenyan visible au-dessus de la table était l’image même de l’enfant modèle : sage, calme, appliqué. Son pinceau recopiait soigneusement les caractères du texte d’entrainement avec toute la précision dont un enfant de six ans était capable. Mais le bruit rythmique d’un petit pied (d’humain) percutant à intervalles réguliers le pied (de la table) trahissait qu’après près d’une heure de cet exercice, coincé dans le bureau de son père, l’enfant commençait à avoir la bougeotte.

« Wenyan, si tu as du mal à rester tranquille, va te défouler dehors et reviens quand tu seras calmé. »

La voix de Shiwen était factuelle, dénuée de jugement mais également de chaleur.

« Non non, ça va ! », assura immédiatement le garçon.

Le battement de son pied s’arrêta… pour le moment. Shiwen ne pensait pas que ce répit durerait longtemps. Un enfant aussi jeune était incapable de se concentrer pendant de longues périodes. Enfin, au moins il était désormais capable d’articuler la plupart des mots correctement et de faire des phrases plus ou moins correctes.

C’était sa mère qui avait suggéré que son fils le rejoigne dans son bureau pour faire ses exercices d’écriture, et, objectivement, l’idée avait du mérite. Cela permettait à père et fils de passer du temps ensemble dans un contexte où l’énergie perpétuelle du garçon serait canalisée dans un but bien précis. Sans compter que Shiwen était éminemment qualifié pour aider Wenyan à améliorer sa technique, et que cela permettrait de stimuler son intérêt pour les manuscrits, en plus de renforcer les liens père-fils.

Enfin, tout ça, c’était la théorie. En pratique, l’attention du garçon vagabondait vite et Shiwen n’avait aucune idée de comment améliorer sa concentration. Il n’avait pas le souvenir d’avoir été aussi dissipé au même âge, et il ne se souvenait donc pas ce que sa mère avait bien pu faire contre ce vagabondage mental. Sa mère, pas son père. Il commençait à croire que le problème fondamental dans ses interactions avec son fils était son manque d’instinct maternel, qui, comme son nom l’indiquait, était l’apanage des femmes.

Il repoussa ses ruminations. Avec tout ça, c’était maintenant lui dont l’esprit était distrait de sa tâche. Peut-être qu’accueillir Wenyan dans son bureau n’était pas une si bonne idée après tout, s’il le distrayait même lorsqu’il restait tranquille. Oh, pas qu’il en veuille à son fils pour cela : le garçon ne pouvait rien aux tiraillements internes de son père. L’incapacité de Shiwen à interagir avec des enfants datait de bien avant la naissance du sien. Mais autant il pouvait se permettre d’ignorer ses sœurs jusqu’à ce qu’elles atteignent un âge intéressant, autant il avait des scrupules à traiter son propre fils, son unique enfant ainsi. D’autant plus qu’il était le seul parent qu’il lui restait, même si la mère de Shiwen faisait une excellente mère de substitution. Peut-être devrait-il consulter son père, peut-être que lui aurait des conseils et—

Poc, poc, poc…

« Wenyan, va te défouler dehors. »

Cette fois, l’enfant fila sans demander son reste.