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Petite tornade tranchante comme une lame - YingShan Hong
YingShan Hong
Clan : Demi-démone
Métier : Assassin
Fiche & Liens : Petite tornade
Demi-Démon
YingShan Hong
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YingShan Hong

  • Autre
    ► Ying, demi-portion
  • Caste
    ► Demi-démone
  • Age
    ► 18 ans / 1er avril
  • Métier
    ► Assassin
  • Clan
    ► /
  • Province
    ► /
  • Don
    ►Non
Jinx d’Arcane : League of Legends par Danny Lailai
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Physique



Peau d’albâtre, cheveux d’azure, et jolies perles roses au regard innocent. Avec ses longues tresses qui tombent de part et d’autre de son délicat visage et son petit corps frêle, YingShan ressemble une poupée.

Il est vrai qu’elle ne paie pas de mine, au premier abord. Elle a tout d’une enfant. Elle n’est pas très grande, tout juste un mètre soixante. Et puis elle a cette expression toute enfantine qui ne quitte pas son beau visage, sans parler de ses formes qui ne sont pas très développées pour une jeune fille de dix-sept ans.

YingShan ressemble beaucoup à sa mère. On pourrait même dire qu'elle est son portrait craché, sans ses attributs démoniaques, seules choses qu'elle tient de son père.

Personne ne penserait à se méfier d’elle tant elle semble candide et inoffensive. Et pourtant, elle est telle une rose tout juste épanouie, si frêle, si fragile qu’on en oublie ses épines. Sous cette apparence délicate se cache pourtant une grande force physique qu’elle doit à un entraînement rigoureux. Cela lui a également permis de gagner en agilité et en souplesse. YingShan reste une demi-démone, preuve en est, en plus de ses cheveux bleus et ses iris roses, cette nuée de nuages bleutés qui marque sa peau de porcelaine sur tout le flanc gauche et le bras gauche.

Quand elle traque, sa jolie frimousse débordante de candeur se pare d’une expression glaçante et cruelle lorsqu’elle coince une proie, et ses yeux pétillent d’un plaisir malsain, balayant ainsi son apparente innocence.

YingShan aime être à l'aise dans ses vêtements et ses chaussures. Elle privilégiera donc des tenues plutôt masculines taillées sur mesure dans du tissu souple et confortable, de préférence dans des teintes foncées pour être le plus discret possible.

Mùdan et An Feng, ses deux dagues, ne la quittent jamais, toujours bien accrochées à sa ceinture. Quant à Huo Hen, son sabre, elle le porte dans son dos, elle trouve ça plus confortable et plus pratique.

Caractère



YingShan a un caractère pour le moins explosif. Elle gère très mal ses émotions et se laisse facilement submerger par ces dernières. Si quelque chose ne lui plait pas ou si elle n’aime pas quelqu’un, elle le fera savoir et pas de la manière la plus douce. Telle une enfant, elle ne sait pas mentir, elle est donc d’une franchise et d’une honnêteté très mordante. Elle n’a également pas de filtre et dit à peu près tout ce qui lui passe par la tête.

Elle est assez colérique et lorsqu'elle se met en colère, elle est tel un ouragan qui emporte tout sur son passage. Littéralement puisqu'elle use de son élément - à savoir l'air - pour tout ravager autour d’elle. Quand elle est dans cet état, il vaut mieux la laisser tranquille, elle se calme généralement seule à cause du contrecoup lié à l'utilisation de son pouvoir. En fonction de l'usage de son élément, soit elle aura une forte migraine, soit elle vomira.

Ying est une ado qui n'en fait qu'à sa tête. Elle agit beaucoup comme bon lui semble et se montre peu encline à écouter les autres. Elle se montre d'ailleurs assez insolente avec tout le monde. Sauf avec Wei Jiang. Elle n'écoute que lui, ne respecte que lui et ne se montre telle qu'elle est réellement que devant lui.

Derrière son insolence, elle cache ses peurs et ses faiblesses. Elle redoute plus que tout d'être à nouveau abandonnée et elle est terrifiée à l'idée de perdre Wei Jiang comme elle a perdu sa mère. Cela lui vaut parfois de faire des crises d'angoisses. Elle fait également beaucoup de cauchemars à ce sujet.

YingShan est émotive et ne contrôle pas ses émotions. Elle est triste, elle pleure. Elle est joyeuse, elle rit. Elle est en colère, elle casse tout. Elle est affectivement dépendante de Wei Jiang. Il est son ancre, son repaire, son attache, son phare dans l’océan de ténèbres qui menace de la submerger. Elle a viscéralement besoin de lui. Cet attachement excessif est une conséquence de l’abandon d’Eridan. Elle ne l’avouera jamais, mais elle en a souffert bien plus qu’elle ne veut l’admettre. Elle en souffre d’ailleurs toujours.

Quand il s'agit d'éliminer une cible, simple humain et surtout Yiheliste, YingShan fait preuve de sadisme et de cruauté. Tuer est un plaisir pour elle, elle adore ça et se montre toujours impitoyable face à sa proie, ne lui laissant aucune chance d’en réchapper.

Depuis qu'elle a été récupérée par Wei Jiang, elle a amélioré ses techniques au sabre en s'entraînant chaque jour, idem avec ses dagues et son pouvoir.

Le voyage de la petite Azalée



Mon histoire commence bien avant ma naissance, avec ma mère. Elle s’appelait Mùdan Hong et elle était la fille unique du frère cadet du chef d’un petit clan Yiheliste d’une cinquantaine de membres. Le territoire du clan Hong n’était pas bien grand non plus et s’étendait tout à l’ouest, entre le flan ouest de la montagne et la frontière nord du clan Sunlin.

Mes grands-parents étaient tous les deux des Yihelistes accomplis. Malheureusement, ils sont morts ensemble au cours d’une traque, laissant leur fille unique, alors âgée de trois ans, orpheline. Ma mère a donc été élevée par son oncle, Chang Hong. Bien qu’elle ait perdu ses parents, elle a eu une enfance plutôt agréable. Elle a grandi avec son cousin et sa cousine et a reçu la même éducation qu’eux. Enfin, au détail près qu’elle n’a jamais appris à développer son Yih. Pourquoi, me demanderez-vous, alors que ses parents étaient tous deux des Yihelistes. Eh bien parce qu’elle était muette de naissance. Et parce qu’elle était muette, son oncle a jugé inutile de lui enseigner la pratique du Yihel, la jugeant inapte.

A cause de son handicap, tout le monde considérait ma mère comme une simplette, mais elle était loin de l’être. C’était une fillette maligne et débrouillarde. Elle était pleine de ressources et très intelligente mais ça, personne ne voulait s’en rendre compte. Malgré tout, ma mère n’était pas malheureuse, elle débordait de vie et souriait tout le temps. De plus elle  savait se rendre utile au clan et accomplissait quotidiennement des tâches diverses et variées. Malgré ce que les gens pensaient d’elle, elle était appréciée.

Puis elle a grandi jusqu’à devenir une jeune fille pétillante, espiègle et d’une grande beauté. Mùdan faisait tournait les têtes mais personne n’osait la courtiser car elle était promise à Fei Hong, son cousin et l’héritier du clan Hong. Ma mère avait beaucoup d’affection pour Fei, mais cela ne l’empêchait pas de flirter innocemment avec certains de ses prétendants. Bien sûr, ça lui valait quelques réprimandes de la part de sa famille et de Fei lui-même, mais cela ne l’arrêtait pas. Elle trouvait ça amusant et plaisant.

Mùdan avait dix-sept ans quand sa vie si belle et si paisible fut chamboulée. C’était un jour ensoleillé, au début de l’été. Elle était partie hors du village pour cueillir des baies quand, sur le chemin du retour, elle est tombée sur un homme gravement blessé. Si elle avait eu de la voix, elle aurait crié tant elle a été surprise. Malgré l’état de l’homme et le sang qui le recouvrait, ma mère s’est précipitée vers lui pour vérifier s’il était encore en vie. Elle ne s’attendait pas non plus à ce qu’il lui agrippe le bras avec force. Là encore, si elle avait pu, elle aurait sans doute hurlé. Mais c’est ce handicap qui a permis à l’homme blessé d’échapper à ses poursuivants. Il était tombé dans un fossé de hautes herbes. Ma mère l’avait vu par hasard en cueillant des fleurs au bord dudit fossé. En attrapant ma mère, il l’avait tiré contre lui et ils s’étaient cachés dans les hautes herbes, de fait, Mùdan n’avait pas vu que les hommes qui poursuivaient l’inconnu appartenaient au clan Hong et que ce petit groupe était dirigé par Fei Hong lui-même.

Ma mère avait un grand cœur et aimait venir en aide aux autres, c’était dans sa nature. Alors c’est tout naturellement qu’elle est venue en aide à cet inconnu blessé et traqué. Elle l’a donc caché au pied de la montagne, dans une vieille cabane abandonnée puis elle a soigné et pansé ses blessures. Tous les jours, elle passait le voir pour s’occuper de lui et lui apporter à manger. Au début l’homme était méfiant et agressif avec elle, mais quand il a compris qu’elle ne lui voulait aucun mal, il est devenu plus doux et moins méfiant.

Au fil des jours, des semaines, qui s’écoulaient, ils apprenaient à se connaitre. L’homme s’est lentement dévoilé à ma mère et une complicité s’est créée entre eux deux. Il s’appelait An Feng et disait venir de la province de Hitsai. Il avait raconté à mère qu’il n’était qu’un humble marchand itinérant et qu’il avait été attaqué par un groupe de demi-démons. Bien sûr, ma mère l’avait cru. Elle n’avait aucune raison de ne pas le croire, après tout.

Durant de longues semaines, qu’il pleuve ou qu’il vente, ma mère venait le voir. Bien qu’elle soit muette, ils avaient inventé un langage pour se comprendre et ainsi communiquer facilement. Cela fonctionnait bien et plus ils passaient de temps ensemble, plus leur complicité grandissait jusqu’à se transformer en quelque chose de plus grand et de plus fort. Mùdan chérissait chaque instant passé avec An Feng. Elle prenait beaucoup de plaisir à l’écouter parler et An Feng prenait beaucoup de plaisir à lui raconter ses aventures. Il aimait également beaucoup à la faire rire, même si son rire était silencieux.

Puis un jour, Mùdan a découvert la véritable nature d’An Feng. Ce jour-là elle était venue plus tôt à cause de la météo. Le ciel noir laissait présager un gros orage. Inquiète de savoir son ami pas encore tout à fait guéris seul, elle s’était hâté de sortir du village, contre l’avis de son oncle et de son cousin, pour le rejoindre. Lorsqu’elle est arrivée près de la cabane, la pluie tombait déjà à seau alors elle est entré sans frappé et elle s’est retrouvé nez à nez avec un démon massif à la musculature bien développée. Il avait la peau bleutée, très pâle, les yeux rose, les cheveux ras et bleus. Ses dents étaient saillantes et son regard était sauvage, bestial. Avant qu’elle n’ait le temps de réagir, Mùdan s’est retrouvé plaqué contre le mur, prise à la gorge par ce démon gigantesque.

Je mentirais si je disais qu’elle n’a pas été effrayée, au début, en se retrouvant face à ce monstre. Elle a d’abord cru qu’il s’en était pris à An Feng mais ne voyant aucun corps ni aucun goutte de sang dans la pièce, elle a compris. Le démon n’avait pas tué An Feng. An Feng était le démon. Ce détail pourtant n’a rien changé pour Mùdan. Elle aimait An Feng, qu’il soit humain ou démon. Elle l’aimait sincèrement, profondément et sa nature importait peu, au final. Alors elle a tendu une main tremblante vers lui pour la poser sur sa joue et lui a souris, ses yeux noirs profondément ancrés dans les perles roses d’An Feng.

Mùdan m’a raconté qu’à cet instant-là, An Feng s’est figé et que ses yeux se sont remplis de larmes. Devant elle, il a repris son apparence humaine puis il l’a serré dans ses bras. Leurs sentiments ainsi mis à nus, ils se sont unis tendrement, passionnément, tandis qu’au-dessus d’eux, l’orage éclatait avec violence et fureur.

Malheureusement, ils n’ont pas pu vivre leur amour bien longtemps car quelques jours après, un civil du clan Hong a découvert par hasard la cachette d’An Feng en chassant dans les montagnes. Mise au courant en écoutant le récit du chasseur, Mùdan s’est empressé de rejoindre son amant secret pour le prévenir et l’aider à fuir. La nuit même, elle accompagnait An Feng dans sa fuite, traversant la petite province à ses côtés pour le mener à la frontière est. Ne pouvant aller plus loin, elle ne put que le regarder s’éloigner, les yeux remplis de larmes et le cœur lourd de chagrin. A ce moment-là, ma mère ignorait encore qu’elle portait en elle le fruit de leur union.

Après cette douloureuse séparation, Mùdan devait faire bonne figure, continuer à agir et à sourire comme à son habitude. Mais elle avait le cœur déchiré. Chang Hong avait remarqué que sa nièce et future belle-fille n’allait pas bien. Tout ignorant qu’il était, il avait mis ça sur le compte de l’absence de son fils, parti traqué le terrible démon depuis plusieurs jours. Alors dans l’espoir de lui remonter le moral, il avait décidé de préparé les fiançailles de Mùdan et de Fei. Il était évident que ma mère n’avait pas le cœur à penser à ce genre de chose, d’autant plus qu’elle ne souhaitait plus épouser son cousin, mais elle n’avait pas la force de se dresser contre son oncle. Ma mère n’était pas idiote, elle savait qu’il était risqué pour elle de quitter son clan. Hors du village, le danger était partout et elle ne faisait pas le poids face aux Aberrations. Il était plus sûre pour elle de suivre le chemin qu’on lui avait tracé et d’oublier ce petit détour qu’elle s’était accordé. Elle aimait An Feng à n’en pas douter, mais elle ne pouvait ni le suivre, ni le rejoindre. Alors elle laissait le soin au temps d’amenuiser ses sentiments et de refermer cette blessure que le hasard avait infligé à son cœur.

La traque du démon avait duré une dizaine de jours avant que le groupe de Yihelistes n’abandonne après avoir perdu sa piste. Mùdan et Fei se sont mariés deux jours après le retour de ce dernier et leur mariage a été consommé le soir même. Malgré sa tristesse, Mùdan était heureuse. Bien qu’elle ne soit pas amoureuse de Fei, elle avait beaucoup d’affection pour lui et elle ne doutait pas du fait que son époux prendrait soin d’elle et lui offrirait une belle vie.

Bien sûr, cela aurait été possible sans l’engeance démoniaque qui grandissait en elle. Quand elle a appris qu’elle était enceinte, au fond d’elle ma mère savait que son enfant n’était pas celui de Fei mais celui d’An Feng. Presque un mois s’était écoulé depuis cet après-midi orageux dans la petite cabane et les premiers symptômes étaient apparues une quinzaine de jours plus tard, peu avant le mariage. Mais Mùdan n’avait rien dit, elle n’avait rien montré non plus. Elle pensait simplement être malade de chagrin.

L’annonce de sa grossesse avait mis le clan en joie. Mùdan aussi était heureuse de porter la vie en elle mais elle était également très inquiète. A quoi pouvait bien ressemblait un demi-démon ? Elle n’en avait jamais vu, elle en avait juste entendu parler mais elle savait que les récits de voyageurs étaient toujours très exagérés et qu’il ne fallait donc pas s’y fier. Et puis, que se passerait-il pour elle et son enfant si ce dernier ressemblait davantage à An Feng qu’à Fei Hong ? Que se passerait-il quand son époux et son oncle comprendraient qu’elle s’était unie à un démon avant même de se marier, trahissant ainsi son époux ? Son avenir et celui de cet enfant qu’elle aimait déjà plus fort que tout était si flou, si incertain que cela l’effrayait. Mais refusant de céder à la panique, elle voulait profiter du temps qui lui restait pour réfléchir à un moyen de s’en sortir et d’assurer un futur heureux à cette petite vie innocente qu’elle portait en elle. Elle était déterminée à me protéger quoi qu’il advienne.

Ma mère m’a raconté que durant toute sa grossesse, Fei avait été au petit soin avec elle. Elle avait trouvé ça absolument adorable de sa part. Fei Hong n’était pas un homme très démonstratif mais il arrivait parfois qu’il fasse preuve de tendresse et se montre très affectueux avec Mùdan, une fois dans l’intimité de leur demeure, à l’abri des regards extérieurs. Elle avait toujours ce sourire doux collé aux lèvres quand elle évoquait ces moments passés avec son époux. Je crois qu’elle l’aimait quand même un peu, au fond d’elle, malgré ce qu’il lui avait fait.

Le bonheur de ma mère a volé en éclat le jour où je suis née. C’est par une belle matinée de printemps, alors que le travail avait commencé dans la nuit, que j’ai poussé mon premier cri. La joie de ma mère quand elle m’a serré dans ses bras était indescriptible. Malheureusement, cela n’a duré qu’un très court instant. Le sommet de mon crâne était recouvert d’un léger duvet bleu et toute la partie gauche de mon petit corps de nouveau-né était recouverte d’une nuée de nuages bleutés. Bien sûr, cela n’avait pas échappé au médecin du clan qui s’était empressé d’aller avertir le chef et son héritier qu’elle avait engendré une abomination mi-humain, mi-démon. Ma mère savait ce que nous risquions, elle et moi, alors malgré son épuisement et sa faiblesse, elle s’est dépêchée de fuir avec sa fille tout juste née dans les bras.

A dos de cheval, elle a fui jusqu’à la frontière est de la province. Elle voulait fuir le plus loin possible de son clan, de son oncle et de son mari, qui la poursuivaient, afin d’échapper à leur courroux et de m’offrir une chance de vivre. Très épuisée par son accouchement et cette longue chevauchée, ma mère a été contrainte de s’arrêter dans un petit village de la province voisine, à quelques kilomètres à peine de la frontière est. C’est dans la petite auberge de ce village qu’elle m’a donné mon prénom : YingShan, le nom Shuli des azalées, symbole de l’amour inconditionnel. Car c’était ce que ressentait ma mère pour moi et surtout, ce que je représentais pour elle : le fruit de l’amour entre elle et An Feng. Car elle en était persuadée, An Feng l’avait aimé, lui aussi. De plus, je suis née au moment de la floraison des azalées, alors pour ma mère, le choix de mon prénom était plus qu’une évidence.

Ma mère a continué à chevaucher durant plusieurs jours. Elle voulait gagner Hitsai pour tenter de retrouver An Feng, mais elle devait se rendre à l’évidence : ce voyage était bien trop dangereux pour une jeune femme seule et un bébé. Elle avait réussi à échapper de justesse à un groupe d’Aalz en sacrifiant son cheval puis elle a été sauvé in extrémiste d’une autre Aberration par un groupe de Yihelistes. Après ces deux horribles incidents, Mùdan a donc décidé de s’installer dans un petit village paisible et reculé d’une quelconque petite province dans le nord. Mais pour ma sécurité, elle avait choisi de vivre un peu à l’écart.

Nous avons vécu six ans cachés dans ce petit village. Pendant toutes ces années, ma mère a travaillé dur pour m’offrir une vie descente tout en dissimulant ma nature. Quand je n’étais qu’un nourrisson, elle dissimulait mes cheveux sous un foulard ou un chapeau et me gardait contre elle pour que personne ne puisse voir mes yeux. Puis quand je suis devenue trop grande pour être constamment collé à elle, elle m’a fait porter un bandeau pour cacher mes yeux et elle a commencé à me teindre les cheveux en noir. Le plus difficile pour moi, c’était de porter ce bandeau tous les jours et de vivre dans l’obscurité tout le temps. A part ce détail, j’étais relativement heureuse avec ma mère. Nous vivions bien, nous mangions à notre faim, nous avions un toit au-dessus de nos têtes et on s’entendait bien avec les autres villageois. Nous aurions pu vivre ainsi encore bien des années, malheureusement, toute chose en ce bas monde a une fin.

Notre bulle de bonheur a éclaté un soir d’automne. Dans l’âtre de notre petite maison, un grand feu crépitait et nous réchauffait. Je venais tout juste de faire ma toilette et je m’apprêtais à aller me blottir sous les couvertures pour que maman me conte une nouvelle histoire. Le langage qu’elle avait inventé avec An Feng, elle me l’avait appris pour que nous puissions communiquer et on se comprenait très bien. Maman allait me rejoindre quand on a entendu des éclats de voix à l’extérieur. J’ai vu à son expression que quelque chose n’allait pas. Effrayée et affolée, elle m’a prise dans ses bras pour me cacher dans le sellier en me demandant de ne surtout pas en bouger et de ne surtout pas faire de bruit. Elle a juste eu le temps de s’éloigner de la porte que des hommes sont entrés dans la maison.

Depuis un petit interstice entre les gongs de la porte et le mur, j’observais ce qui se passait, la peur au ventre. Le chef du groupe d’hommes n’était autre que Fei Hong. Comment j’ai pu le reconnaitre me demanderez-vous. C’est simple, ma mère m’avait si souvent fait sa description que j’aurais pu le reconnaitre même dans une foule de gens. Et puis, à part lui, quel autre homme aurait pu en vouloir à ma mère de l’avoir trahi avec un démon avant de fuir pour protéger son engeance ?

Cachée dans le sellier, j’observais et j’écoutais tout ce qui se passait. Fei était furieux après ma mère. Même après toutes ces années, il ne lui avait pas pardonné sa traitrise. Pendant six ans, alors qu’il avait perdu la trace de ma mère juste après la frontière, il n’avait eu de cesse de nous chercher afin de punir ma mère pour sa trahison envers le clan Hong et pour éliminer la dangereuse engeance démoniaque que j’étais. Et la sanction pour avoir aidé un démon n’était autre que la mort. Ma mère s’est défendue comme elle a pu mais seule face à une dizaine d’hommes, elle a été impuissante. Très vite maitrisée par les hommes de Fei et très vite mise à mort par Fei lui-même d’un coup net à la gorge.

De là où j’étais, j’ai tout vu. J’ai vu ma maman tomber par terre et se tordre en tenant sa gorge d’où s’échappait un flot incessant de sang tandis qu’elle hoquetait presque imperceptiblement avant que ses yeux ne s’éteignent et qu’elle cesse de bouger. Du haut de mes six ans, cachée dans le sellier, je venais de voir ma mère se faire tuer. Pétrifiée de peur et horrifiée, je n’arrivais pas à détourner mes yeux du visage blême de ma maman. Je ne voyais plus rien d’autre qu’elle, étendue sur le sol et je n’entendais plus rien d’autre que les battements bien trop rapide de mon cœur dans mes oreilles, le souffle coupé par l’horreur.

En état de choc, j’étais aveugle et sourde à ce qui se passait dans la pièce. De fait, je n’ai pas vu ni entendu les hommes de Fei Hong commencer à saccager la maison pour me trouver. Je ne suis revenue à moi que lorsque l’un d’eux a obstrué mon champ de vision en se plaçant devant la porte. De peur, j’ai reculé mais j’ai trébuché. Dans ma chute, quelques bocaux sont tombés et se sont brisés, attirant ainsi l’attention des assassins de ma mère.

Quand j’ai vu la porte s’ouvrir pour laissait apparaître cet homme qui me semblait gigantesque, je n’ai pas réfléchis et je me suis échappé. Je n’ai pas eu de mal à me faufiler entre les jambes du géant mais j’étais encerclée par les autres hommes. Ma seule issue était la fenêtre en face de moi, alors j’ai foncé et je suis passé à travers les carreaux. La maison n’avait pas d’étage, alors à part quelques coupures, je ne risquais pas grand-chose. Une fois dehors, j’ai couru aussi vite que je le pouvais vers la forêt. J’avais la pluie battante pour couvrir le son de mes pas et l’obscurité de la nuit pour me dissimuler.

La peur m’a donné la force nécessaire pour courir toute la nuit. J’ignorais où j’allais, je ne voyais pas où je mettais les pieds. Plus d’une fois j’ai trébuché, plus d’une fois je suis tombé mais à chaque fois je me suis relevée. Et quand le jour est arrivé, je ne savais pas où j’étais. J’étais épuisée, trempée jusqu’aux os et complétement frigorifiée d’avoir couru si longtemps sous une pluie battante et glaciale. J’étais à bout de force quand j’ai senti quelque chose en moi. A ce moment-là, j’ignorais ce que c’était mais mon instinct me disait de suivre cette étrange sensation. A mesure que j’avançais, je la sentais gonfler en moi et ça m’a conduit droit vers une jolie petite maison en bois. A côté de celle-ci il y avait une forge d’où s’échappait de la fumée et le bruit métallique du marteau qui bat le fer. A l’intérieur il y avait un homme assez grand, la silhouette svelte et de longs cheveux couleur du feu attachés en queue de cheval. Quand il a tourné la tête vers moi et que j’ai vu ses yeux dorés, j’ai compris qu’il était comme moi. Quand il m’a vu, il m’a demandé ce que je faisais ici. Mais j’étais tellement à bout de force que je me suis évanouie.

Quand j’ai repris connaissance, j’étais bien au chaud dans un lit. L’homme était assis près de moi pour me poser un tissu humide sur le front. Quand il a vu que j’avais ouvert les yeux, il m’a dit de ne pas bouger et de ne pas m’inquiéter, que je ne craignais plus rien ici. Il m’a ensuite expliqué qu’il avait vu les hommes qui me pourchassaient et qu’il les avait envoyé sur une fausse piste. Puis il m’a dit que je ne pourrais pas rester ici très longtemps, que ça pouvait être dangereux pour lui comme pour moi si mes poursuivants revenaient et me trouvaient ici avec lui. Il a ajouté qu’il connaissait un endroit sûr pour moi et qu’il m’y emmènerait une fois ma fièvre tombée. Et il s’est présentait. Il s’appelait Eridan Heihuo et il était forgeron. Il vivait reclus dans la forêt pour être tranquille et éviter les ennuis que sa nature de demi-démon pouvait lui attirer.

La présence d’Eridan était rassurante et sa voix si calme, si profonde, qu’elle apaisait toutes mes angoisses. Je me sentais tellement en sécurité avec lui que tout le chagrin, toute la tristesse, toute la douleur, toutes les larmes que j’avais retenue jusqu’alors ont explosés en de longs et douloureux sanglots.

Nichée dans les bras de ce demi-démon, j’ai pleuré un long moment, durant lequel il s’est contenté de me serrer contre lui et de me frotter le dos. Et c’était tout ce dont j’avais besoin à ce moment-là. Je n’avais pas besoin que l’on calme et que l’on me console, j’avais juste besoin d’évacuer toute cette peine accumulée. Ca me faisait du bien et Eridan l’avait bien compris.

Calme et patient, il a attendu que je me calme de moi-même, sans jamais me lâcher. Tout le temps où j’ai pleuré, il m’a tenu contre lui. Quand mes sanglots se sont finalement apaisés, il m’a assise dans le lit pour me débarbouiller puis il m’a demandé ce qui m’était arrivé, alors je lui ai tout raconté. Eridan m’a écouté sans m’interrompre et quand j’ai eu fini, il n’a rien dit. Il m’a juste caressé le visage en me disant que je ne craignais plus rien désormais et quand je lui ai demandé ce qu’on allait faire pour ma mère, il m’a promis qu’il irait se renseigner pour qu’elle soit convenablement enterrée. C’était dur à entendre pour moi. En une nuit, j’avais tout perdu. Ma vie paisible, mes amis, ma maison et Mùdan, ma maman, ma seule et unique famille, mon seul repaire, mon unique lumière. Sans elle, j’étais perdue, condamnée à errer dans les ténèbres. Cette idée était effrayante pour la petite moi de six ans. Alors toute perdue que j’étais, je me suis raccrochée à cette nouvelle lumière qu’était Eridan.

Je ne suis restée que quelques jours avec Eridan, le temps que ma fièvre tombe, mais je me suis beaucoup attachée à lui, il a si bien pris soin de moi. Il était gentil, très patient et aussi assez taciturne. Mais j’avais l’habitude des gens silencieux, maman était muette après tout. Il cuisinait bien et chaque soir il me racontait des histoires pour m’endormir. Et à chaque fois que je me réveillais la nuit en pleurant, il me chantait une chanson pour me calmer et m’aider à me rendormir. Comme il me l’avait promis, il s’était rendu au petit village où je vivais avec ma mère pour s’assurer que celle-ci avait été mise en terre correctement. Et c’était le cas, elle avait été enterré dans le cimetière du village, près de l’entrée de celui-ci. Les villageois étaient tous choqués par ce qui était arrivé. Beaucoup étaient attristés par la mort de Mùdan et beaucoup étaient inquiets pour moi. Eridan les avait rassuré en leur affirmant que j’étais vivante mais n’en avait pas dit plus pour notre sécurité à tous les deux.

Puis ma fièvre a fini par tomber et comme il me l’avait annoncé, il m’a emmené dans un endroit plus sûr pour moi. Le jour du départ, juste avant de prendre la route au lever du jour, il m’a emmené voir ma mère au cimetière pour que je puisse lui dire au revoir. Les habitants l’avaient enterré comme il se doit et lui avait offert une jolie pierre tombale. L’idée de ne plus jamais revoir ma mère me déchirait le cœur, j’en étais presque malade de douleur et de tristesse. Elle m’avait été arrachée si cruellement, si injustement. J’avais tellement mal au fond de moi. Une douleur sourde, irrépressible, que rien ne pouvait apaiser. Ce jour-là, j’ai fait une promesse à ma mère. Je lui ai juré qu’un jour, je la vengerais, que je détruirais tous ceux qui lui avaient fait du mal.

Le jour était entièrement levé quand Eridan m’a pris la main pour me sortir du cimetière. Je n’ai rien dit, je me suis laissé faire. Il m’a posé sur son cheval avant de monter derrière moi et nous nous sommes mis en route vers la province de Gedo. Bien sûr à l’époque j’ignorais complètement où il m’emmenait, il ne m’avait rien dit, si ce n’est qu’il nous faudrait plusieurs jours pour arriver à destination.

Le voyage a été long et épuisant. L’automne était bien installé, de fait le temps était froid et humide. Eridan essayait toujours de s’arranger pour que nous dormions dans des auberges mais ce n’était pas toujours possible, nous étions mal vu partout où nous allions. Je ne comprenais pas cette haine qu’éprouvaient les gens à notre égard, nous ne faisions pourtant rien de mal. Et puis, du point de vue de la fillette ignorante que j’étais, bercée par les histoires de ma mère, les démons n’étaient pas mauvais. Alors un soir où Eridan et moi dormions dans une grange, je lui ai demandé pourquoi les gens nous rejetaient et pourquoi ils avaient si peur des démons. Il m’a alors tout expliqué sur les démons, d’où ils venaient, pourquoi certains traversaient la barrière et surtout à quel point ils étaient mauvais, rusés, cruels et sans pitié, que vivre avec eux étaient impossible et que c’était pour cette raison qu’il fallait absolument les détruire. J’étais choquée par ce qu’il m’avait raconté et je n’arrivais pas y croire. Pas après l’histoire de ma mère avec mon père. Histoire que j’ai racontée à Eridan en signe de contestation avec un air boudeur qui lui avait arraché un léger sourire amusé. C’était la première fois que je le voyais sourire, ça lui allait bien. Quoi qu’il en soit, il s’est simplement contenté de répondre que ma mère avait eu de la chance et que mon père l’avait probablement laissé en vie parce qu’elle avait sauvé la sienne. Mais qu’il soit amoureux d’elle, ça, ce n’était simplement pas possible car les démons, selon lui, étaient incapables d’aimer qui que soit, pas même leurs propres enfants.

Pour moi, qui croyais dur comme fer que mon père avait aimé ma mère, c’était dur à entendre. Ce soir-là, refusant de croire aux mensonges d’Eridan, je lui ai fait la tête toute la soirée. Cependant, j’avais remarqué à quel point il avait eu l’air triste en m’affirmant que les démons étaient incapables d’aimer. Je voulais lui poser plus de question, mais j’étais trop occupée à le bouder, alors je n’ai rien demandé et je n’ai plus eu l’occasion de le faire.

Comme Eridan me l’avait dit, il nous a fallu plusieurs jours pour arriver à destination. J’étais un peu triste qu’on arrive si vite, j’avais bien aimé voyager avec lui. J’avais trouvé ça amusant, malgré le froid et la méchanceté des gens. Je n’avais pas envie de le quitter mais quand j’ai vu ce qu’était notre destination, cette cabane miteuse perdue au milieu de nulle part et loin de toute civilisation, j’en ai eu encore moins envie. Agrippée à Eridan, je l’ai suivi jusqu’à l’entrée de la petite maison où on a été accueilli par un homme derrière lequel se cachait quatre autres enfants. Deux garçons et une fille plus âgés que moi et un autre garçon plus jeune. Cependant on avait tous deux choses en commun : nous étions des demi-démons et nous étions orphelins.

Puis il y avait cet homme. Un Yiheliste, comme ceux qui avaient tué ma mère. Je ne pouvais pas lui faire confiance ni rester avec lui, c’était hors de question. Mais Eridan m’a obligé en me réexpliquant pourquoi je ne pouvais pas rester avec lui puis il m’a assuré que cet homme n’était pas comme les meurtriers de ma mère. Que lui, il avait quitté la voie du Yihel. Mais rien n’y faisait, je ne voulais de toute façon pas rester là avec cet inconnu et ces autres enfants. Je voulais rester avec Eridan. J’avais besoin de lui. Mais lui n’a pas voulu de moi et il est parti malgré mes cris et mes supplications. Il m’a tout de même promis de passer me voir régulièrement. Puis après son départ, mon enfer a commencé.

Je ne me suis jamais intégrée aux autres dans ce semblant d’orphelinat. Hei Xin, âgé de treize ans, était le plus vieux d’entre nous mais aussi le plus méchant. Toutes ces années que j’ai passé dans ce trou perdu, il n’a eu de cesse de m’insulter, me rabaisser, me pousser, me frapper, tout ça sous les encouragements de Bei Zhu, l’autre fille, âgée de treize ans aussi, et de Xiao Shizi, âgé de onze ans. Ils me détestaient tellement qu’ils allaient jusqu’à interdire le petit Tang Hua, le frère de Xiao Shizi âgé de trois ans, de m’approcher. Bien sûr, devant le Yiheliste, ils agissaient comme si tout allait bien, comme si je faisais partie de leur « famille », alors il ne s’est jamais douté de rien puisque j’étais obligée, moi aussi, de jouer la comédie. Je les haïssais tous tellement fort… autant que les assassins de ma mère.

Au milieu de mon enfer, je n’oubliais pas la promesse que j’avais faite à ma mère sur sa tombe. C’est cette promesse qui m’a aidé à tenir. Mais pour me venger, je devais devenir plus forte. Et pour devenir plus forte, je devais m’entrainer à maîtriser ce don, cadeau de mon père. Ça n’a vraiment pas été facile au début, car le contrecoup était violent. L’utilisation de ce don me donnait des vertiges et des maux de tête. Si je l’utilisais trop, je vomissais et si j’insistais, je m’évanouissais. Mais je n’ai rien lâché et j’ai continuais à m’entrainer tous les jours, par tous les temps, loin de cette cabane et de ses occupants. Je devais devenir plus forte quoi qu’il arrive.

Quand j’ai eu huit ans, j’ai par hasard découvert ce qui est aujourd’hui mon arme de prédilection. C’était un jour où Eridan était venu me rendre visite. Comme il me l’avait promis, il venait me voir une fois par mois. Ce jour-là pendait à sa ceinture une lame magnifique qui a tout de suite attiré mon regard. La lame incurvée brillait comme un diamant. C’était la plus belle chose qui m’avait été donné de voir depuis que j’avais atterri dans ce trou miteux. D’une main habile j’ai réussi à détacher l’arme de la ceinture d’Eridan pour la regarder de plus près, elle était si belle. Bien sûr, Eridan m’a disputé et me l’a aussitôt reprise en râlant que ce n’était pas un jouet mais c’était plus fort que moi, j’étais irrépressiblement attiré par cette beauté. Eridan l’a bien remarqué mais il m’a dit que j’étais trop jeune pour avoir ce genre de chose entre les mains. Il va s’en dire que je l’ai boudé le reste de la journée.

Puis pour mon dixième anniversaire, il est venu avec un cadeau spécial. C’était une dague à la lame plus fine que celle d’Eridan et légèrement incurvé au niveau de la pointe. Quant au manche, il ressemblait à une feuille. En regardant l’arme, un détail m’a touché en plein cœur, si fort que j’en ai pleuré. Sur le plat de la lame était gravée une pivoine, la plus belle de toutes. En Shuli, la pivoine se dit mùdan.

Après avoir séché mes larmes, Eridan m’a expliqué que cette dague n’était pas un jouet et que je ne devais m’en servir uniquement pour me défendre et pour protéger les autres. Il allait de soi que ce n’était pas mon attention, mais pour faire plaisir à Eridan, j’ai accepté. Alors il a commencé à m’apprendre comment m’en servir. Comme il s’était installé dans la province de Gedo pour faire des affaires, il venait plus souvent me voir pour m’enseigner le maniement de la dague et je m’entrainais dur quand il n’était pas là. Il en a également profité pour m’aider à maîtriser mon don et ses contrecoups, même si nous ne manipulions pas le même élément. Lui était le feu et moi le vent et grâce à son aide précieuse, la petite bise légère que je générais est devenue une forte bourrasque. Grâce à lui, je ne m’évanouis plus mais les maux de tête, les vertiges et les vomissements apparaissent toujours quand je force de trop. Et grâce à ses enseignements, je suis devenue une fine lame, meilleure que lui, disait-il, maniant Mùdan, ma dague, avec une agilité et une habilité presque effrayante, selon lui. D’autres lames ont rejoint ma collection : An Feng, ma deuxième dague sur laquelle est gravé un nuage similaire à ceux qui ornent mon flanc gauche, et mon sabre Wen HuoYan, qui signifie « douce flamme », nommé initialement ainsi en hommage à Eridan.

Au fil des années, mon calvaire quotidien s’est estompé. Quand ils ont eu seize ans, Hei Xin et Bei Zhu ont quitté l’orphelinat pour faire leur vie à Se-Hitsai. Ma relation avec Xiao Shizi ne s’est pas améliorée et il a continué à interdire à son frère de m’approcher. D’autres gamins ont pris la place de Hei Xin et Bei Zhu et un jour, Xiao Shizi est parti, emmenant Tang Hua avec lui, permettant à deux autres enfants de vivre dans ce refuge miteux.

Et puis il y avait Eridan. Sa présence me rendait heureuse, je chérissais chaque instant passé avec lui, il m’a tant apporté. Il était comme un grand frère qui m’apprenait tout un tas de choses tout en veillant sur moi.  Je tenais tellement à lui, je souhaitais si fort qu’il m’adopte. Mais à chaque que je lui en parlais, il refusait sans me donner d’explication. C’était tellement blessant. Mais je ne voulais pas abandonner ce souhait si cher à mon cœur qu’il m’a fait oublier, pour un temps, ma promesse et mon désir de vengeance. Je me disais qu’une fois adulte, j’irais vivre avec lui pour l’aider à la forge et qu’on serait heureux tous les deux, comme on l’était à chaque fois qu’il venait me voir.

Puis un jour, il a brusquement cessé de venir. Je venais d’avoir quinze ans, la dernière fois que je l’ai vu. Ce jour-là, comme à chaque fois qu’il venait, il m’avait entrainé au sabre et à la maitrise de mon don. Et le soir, il était reparti en me disant « on se voit la semaine prochaine, exerce-toi en attendant. »
Comme à chaque fois. Mais la semaine suivante, il n’est pas venu. La semaine d’après non plus. Alors j’ai attendu le mois suivant, puis celui qui a suivi, et celui d’après. Mais il n’est plus jamais revenu.

Il m’a fallu six mois. Six longs mois d’attente et d’espoir pour comprendre, pour réaliser qu’il ne reviendrait plus jamais et qu’il m’avait purement et simplement abandonnée là, dans cette cabane miteuse avec ce Yiheliste et ces autres sales mioches. Pour moi qui croyais si fort qu’il tenait à moi et qu’un jour nous vivrions ensemble, la chute, la désillusion et le retour à la réalité ont été très violents. Et très douloureux aussi. Ça m’a dévasté à tel point que je suis entrée dans une colère noire. J’étais si furieuse et si folle de chagrin et de douleur que j’ai ravagé l’orphelinat à grand coup de sabre et de violentes bourrasques. Je ne me suis calmée uniquement parce que la rage et l’utilisation de mon élément m’ont retournés l’estomac.

Vidée de toutes mes forces, j’ai pleuré. Comme le jour où j’ai rencontré Eridan, après la mort de ma mère. Ma mère. Ma promesse, ma vengeance. Eridan avait pris une telle place dans ma vie et dans mon cœur que j’en avais oublié l’essentiel : cette promesse faite sur la tombe de ma mère. Je devais la venger. Après tout, tout ça, toute cette douleur et cette tristesse qui m’enserraient le cœur, c’était à cause du clan Hong. S’ils n’étaient pas venus me prendre ma mère, je n’aurais pas rencontré Eridan, je n’aurais pas vécue dans cet orphelinat moisi et je n’aurais pas souffert d’avoir été abandonnée. Alors pour tous les maux qu’ils m’avaient causés, ils devaient payer.

Eridan m’ayant abandonnée, je n’avais plus aucune raison de rester dans cet orphelinat que je haïssais profondément. Alors sous le couvert de la nuit, je suis partie, n’emportant avec moi que mes dagues et mon sabre, rebaptisé Huo Hen, qui signifie « haine ardente », et une longue cape noire.

Ne sachant pas où se trouvait exactement le clan Hong, il m’a fallu de longues semaines pour atteindre ma destination durant lesquelles j’ai dû dissimuler ma nature pour ne pas attirer l’attention. Sous la large capuche de ma cape, je cachais mes cheveux que je n’avais pas reteints depuis l’assassinat de ma mère, neuf ans plus tôt.  Comme l’hiver approchait, ça n’avait rien d’étrange de porter une capuche en plein jour et cela me permettait également de cacher la couleur de mes yeux. C’est en demandant mon chemin que j’ai pu localiser le clan Hong. Et quand je les ai retrouvés, j’ai senti la rage, la haine et la rancœur bouillir en moi.

Il m’a fallu deux jours et deux nuits pour mémoriser les tours de garde. Et une nuit pour détruire la famille Hong. Le village n’était pas bien grand et l’entrée était gardée par deux hommes. Les tuer a été aussi facile que de pénétrer dans l’enceinte. La demeure des Hong était facilement reconnaissable car elle était un peu plus imposante que les autres habitations, mais c’était loin d’être aussi impressionnant que certains palaces que j’avais pu voir au cours de mon voyage. Mais le clan Hong n’était pas très riche.

Me faufilant par une fenêtre, je me suis retrouvée dans la chambre des enfants. Ils étaient quatre, tous moins de dix ans. Le plus jeune devait avoir à peine quelques mois. Les égorger dans leur sommeil a été facile. Il y avait deux autres gamins dans une autre pièce, plus âgés ceux-là. Une fille et un garçon. Je n’ai pas eu de mal à m’occuper de la fille, mais le garçon s’est réveillé et en me voyant près du lit de sa sœur, An Feng dégoulinant encore de son sang chaud, il s’est mis à hurler. Un coup de Huo Hen a fait voler sa tête.

Son cri et la chute de sa tête sur le plancher ont alerté les adultes. Leur mère est apparue en premier et elle aussi, elle s’est mise à hurler en voyant les corps sans vie de ses enfants. Mùdan s'est chargé d'apaiser sa douleur d'un coup net à la gorge.

Mais tous ces cris et ces pleurs ont attiré l'attention des hommes au rez-de-chaussée, alors je me suis cachée dans la première chambre à priori vide. A priori. Car elle ne l'était pas. Je ne l'ai pas vu tout de suite, ce sont les sanglots qui ont attiré mon attention. Elle était là, penchée au-dessus du berceau de son rejeton de quelques mois et pleurait presque silencieusement, le corps tremblant. Elle s'est lentement tourné vers moi et son regard accablé est devenu fou. Armée d'une simple pique à cheveux, elle s'est ruée vers moi avec une telle rapidité que je n'ai pas eu le temps de réagir. La douleur aigüe de la pique s'enfonçant dans mon épaule était si insupportable que ça m'a mise en colère. Dégainant An Feng, je l'ai rageusement enfoncé dans son menton jusqu'à la garde.

La bonne femme a fait des bruits horrbiles en rendant l’âme, comme des gazouillements étouffés par le sang. C’était répugnant. Je l’ai rattrapé pour ne pas attirer l’attention des hommes qui venaient de gagner l’étage. Aux voix, j’ai estimé leur nombre à trois. Parmi eux, il y avait Fei Hong. Sa voix à lui était restée gravée dans ma mémoire depuis le jour où il m’avait arraché ma mère. Je me retrouvais coincée dans cette chambre qui empestait le sang avec trois Yihelistes furieux de l’autre côté de la porte.

Si je voulais réussir à leur faire la peau sans qu’ils aient la mienne, il ne fallait pas que je reste dans la pièce, j’aurais été une cible bien trop facile. Alors je suis ressortie en passant par la fenêtre où je m’étais faufilée un peu plus tôt et une fois à l’extérieur, je me suis à nouveau glissé dans la demeure des Hong grâce à… une autre fenêtre entre-ouverte au rez-de-chaussé.

Les lamentations de Fei Hong emplissaient toute la maison. C’était tellement… plaisant de l’entendre ainsi geindre et pleurer sur les cadavres de sa femme et de ses avortons. Il souffrait autant que moi, il savait ce que ça faisait de se faire injustement arracher ce que l’on a de plus précieux.

Mais je n’ai pas pu me réjouir bien longtemps car l’un des hommes est descendu précipitamment, sans doute pour aller chercher de l’aide et prévenir qu’un assassin rodait dans le coin. Il était hors de question qu’il fiche en l’air mes plans en rameutant tous les Yihelistes du clan. Alors j’ai attiré son attention en faisant du bruit dans le bureau où je me trouvais, pas trop pour ne pas attirer les deux autres qui pleuraient à l’étage.

L’homme semblait être déjà vieux, il avait les cheveux grisonnant mais ce que j’ai surtout remarqué, c’est qu’il lui manquait un bras. Mon intuition me disait qu’il s’agissait sans doute de Chang Hong. De là où j’étais planqué, je l’observais. Ma mère me l’avait souvent décrit comme un homme fort et fier mais ce que j’avais sous les yeux, c’était un vieillard tremblant et effrayé, aussi livide que les gamins morts à l’étage.

Le regard affolé, ses yeux scrutaient rapidement la pièce à la recherche de ce qui avait provoqué le bruit qui l’avait fait venir ici. La fenêtre ouverte à immédiatement attiré son attention.

Dissimulée dans la pénombre, il est passé près de moi sans me voir. Me faufilant dans son dos, je lui ai tranché la gorge.

Les plus faibles avaient été éliminés, il ne restait plus que les deux Yihelistes à l'étage. Les deux plus coriaces. J'ignorais si j'allais survivre ou non et à vrai dire, ça m'était égal. Je n'avais plus rien à perdre mais si je voulais entraîner Fei Hong dans la mort avec moi, ma seule chance était de le prendre par derrière.

Il fallait déjà que je m'occupe de l'autre Yihelistes, celui dont j'ignorais le nom. Il était encore en train de pleurer sur le corps de sa femme et de ses mioches, je l’entendais gémir de désespoir aussi clairement que j’entendais Fei. C’était ma chance, je devais en profiter avant que Fei ne décide de fouiller la maison pour me retrouver. Alors à pas de velours et avec la plus grande prudence, j’ai monté les escaliers.

Il était dans la chambre des deux gamins plus âgés et il tenait sa fille dans ses bras en pleurant. Il était tellement désemparé, j'aurais presque eu pitié de lui, si je ne l'avais pas reconnu. Il faisait partie des hommes présents le jour de la mort de ma mère. J'ai dégainé Mùdan et, approchant par derrière, j'ai enfoncé la lame à la base de sa nuque, jusqu'à la garde. La mort a été rapide et silencieuse. Il ne me restait plus que Fei Hong.

Je tendais l'oreille pour m'assurer qu'il n'avait pas quitté la chambre des autres gamins mais les pas dans le couloir m'ont fait comprendre qu'il venait dans ma direction. Je ne pouvais pas sortir, alors je me suis cachée dans l'armoire.

Par l'entrebâillement de la porte, je l'observais. C'était drôle de le voir fulminer devant les cadavres de sa famille. C'était tellement plaisant de le voir souffrir. Ça me donnait envie de jouer avec lui, comme un chat joue avec une souris avant de la tuer. Mais je n'avais clairement pas la puissance nécessaire pour me permettre de taquiner un Yiheliste de son niveau. Mieux valait en finir rapidement, quitte à mourir aussi.

Je le surveillais attentivement alors qu'il fouillait les moindres recoins de cette pièce, s'approchant dangereusement de l’armoire. Bien cachée dans cet endroit étriqué, je ne pouvais pas dégainer Huo Hen, alors je tenais fermement Mùdan dans ma main, patientant calmement qu’il me trouve.

Puis la porte de l’armoire s’est ouverte. Je n’ai pas réfléchi et je me suis jeté sur lui, Mùdan pointé vers son coeur. Je l’ai atteint, son coeur, mais Fei avait des réflexes. J'ai senti la pointe de sa lame s'enfoncer dans mon ventre avant qu'il ne s'effondre, sans vie.

Appuyée contre le mur, une main sur ma blessure au ventre pour tenter en vain de contenir l'hémorragie, je fixais le visage blême de Fei Hong. Tout en me laissant glisser, je me rendais compte que j'avais réussi, Fei Hong était mort. J'avais accompli ma vengeance, par conséquent, je n'avais plus rien. Plus de but ni d'endroit où rentrer. Il ne me restait que ma vie. Cette vie que ma mère avait défendue au péril de la sienne.

Les tambourinements contre la porte d'entrée m'ont sorti de mes pensées. Les autres Yihelistes du clan. Pour mon malheur, j'avais été repérée par un civil en me faufilant dans le bureau. Si je restais là, je mourrais. Je devais donc partir et vite. Ma seule issue était la fenêtre. Avec ma blessure, c'était compliqué. Mais quitte à crever, autant que ça soit loin de ces sales chiens de Yihelistes.

Alors j'ai fui en repassant par la fenêtre. L'étage n'était pas haut mais la chute a été rude, j'étais mal en point. Sortir du village n'a pas été facile, ça grouillait de Yihelistes. Heureusement, j'avais l'obscurité de la nuit pour me dissimuler et j'ai pu déguerpir presque sans encombre. Un petit groupe m'a poursuivie mais j'ai réussi à me cacher et à leur échapper.

Dans ma cachette de fortune, j'ai attendu qu'ils s'éloignent. Puis j'ai repris ma route. J'ai erré sans but durant un long moment, vidée de mes forces et de ma volonté. Je n'avais plus rien du tout. Plus de vengeance à accomplir, plus d'endroit où rentrer, plus personne à retrouver. Eridan avait disparu et personne ne savait où il était.

Mais la vie avait encore des plans pour moi puisqu'elle a conduit mes pas jusqu'à lui, Wei Jiang. Ce demi-démon de feu m'a sauvé, de la même façon qu'Eridan m'avait sauvé quand j'avais six ans. Mais Wei Jiang ne m'a pas abandonné, lui. Il m'a prise sous son aile, il m'a soigné, il a pris soin de moi comme un père l'aurait fait avec son enfant. Aujourd'hui, je tuerais tous les Yihelistes du monde entier pour lui s’il me le demandait. Après tout, je lui dois bien ça.

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Votre pseudo : Mikie
Votre âge ? Thé ou café ? Un p'tit truc à dire ?
Toujours 30 ans, toujours thé et jus d’orange chaud à la cannelle. C’est ma première p’tite nana, j’ai hâte de l’inaugurer avec vous. <3
Mer 19 Jan - 14:16
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Invité
Invité
Rebienvenuuuuue ♥♥
Petite tornade tranchante comme une lame - YingShan Hong U627
Une p'tite tête innocente mais on sait qu'elle est méchantecruelle ! Bouh !
Hâte de lire sa fiche ! ♥  (parée à chialer !!! Même pas peur !!)



.
Mer 19 Jan - 16:04
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YingShan Hong
Clan : Demi-démone
Métier : Assassin
Fiche & Liens : Petite tornade
Demi-Démon
YingShan Hong
Merciiii ! Very Happy

Eh oui, sa petite bouille innocente sera un atout pour elle. <3
Je vais quand même tâcher de la faire vite. ^^
(Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. :3)
Mer 19 Jan - 17:00
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YingShan Hong
Clan : Demi-démone
Métier : Assassin
Fiche & Liens : Petite tornade
Demi-Démon
YingShan Hong
Bonjooooour !

Après 1000 ans d'attente, je vous informe que la fiche de YingShan est terminée !! \o/
Mar 26 Avr - 12:14
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Yao Feng
Clan : Clan Feng (composé de lui et de Nekhii)
Métier : Maître du Chaos
Demi-Démon
Yao Feng
Ah ben c'est pas trop tôt !

* donne des coups de bâton *


Je te réserve un pitit RP avec le Maître du Chaos dès que tu es validée ♥
Mar 26 Avr - 14:20
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YingShan Hong
Clan : Demi-démone
Métier : Assassin
Fiche & Liens : Petite tornade
Demi-Démon
YingShan Hong
Je sais, j'ai tellement honte d'avoir mis autant de temps à finir cette fiche... je m'en excuse sincèrement d'ailleurs. u___u

Owiiii ! Un rp avec le beau Yao ! Blblbllll ! J'ai hâte ! Petite tornade tranchante comme une lame - YingShan Hong 1f60d
Mar 26 Avr - 14:33
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YingShan Hong
Clan : Demi-démone
Métier : Assassin
Fiche & Liens : Petite tornade
Demi-Démon
YingShan Hong
Bonjour !
Après 500 ans d'attente, je vous annonce que les modifications ont été faites.
A partir de "Puis il y avait cet homme..." pour le monsieur de l'orphelinat.
A partir de "Son cri et la chute de sa tête..." pour la partie réécrite.

Bonne lecture ! o/
Jeu 12 Mai - 12:08
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Yihel
Yihel



C'est validé !

Bienvenue chez toi, Shuli !



Tu peux désormais arpenter librement les routes de l'Empire !
Prends garde aux Aberrations, et n'hésite pas à contacter Yihel en cas de besoin !



Jeu 12 Mai - 15:43
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