Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► Les flammes.
Leur chaleur étouffante, le crépitement du bois, la fumée. Ces lueurs orangées déchirant le ciel obscur et ces volutes noirâtres s'élevant jusqu'à toucher les étoiles.
Alors que ses doigts étaient couvert de sang et ses joues couvertes de larmes, les flammes l'ont réchauffé. Il avait si froid, mais elles étaient là.
Il les a entendu hurler en écho à sa propre douleur.
Il a trouvé ça tellement beau.

• Quel est son statut familial ?
► Célibataire, seul.

Peut-être a-t-il des demi-frères ou des demi-soeurs, ça ne le surprendrait pas, la sexualité des démons est très épanouie et les humains de bien trop dociles victimes.

Deux ou trois fois, il lui a pris la fantaisie de "recueillir" certains demi-démons qui, comme lui jadis, n'ont pas eu la chance d'avoir une famille aimante, un toit, un foyer. En échange de cette généreuse offre, il leur demande simplement de lui être utile, car la place dans son "palais" se mérite. Ils ont tous fini par partir, sauf un.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?
► La personne à laquelle il tient le plus ? Question idiote, il n’aime que lui en ce bas monde.

Pourtant, son cœur de pierre a des failles et il s’est pris d’affection pour cet éventail qu’il ne quitte jamais. C'est Madame Chao qui lui avait offert. Il le déteste.
Mais c’est utile, alors autant le garder.

C'est un peu la même chose pour Nekhii, le premier demi-démon qu'il a recueillit. Le pauvre garçon a un QI de moule avariée et Yao ne le supporte pas, pourtant, si Nekhii venait à disparaître, ça ferait un sacré vide.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► Voyons, il n’a pas de défauts, simplement des qualités et la liste serait bien trop longue : son charisme, son intelligence, son élégance et sa modestie n’en sont que des infimes exemples. Non, vraiment, s’il devait avoir un défaut, ce serait justement de ne pas en avoir !

Evidemment, c’est faux. L'arrogance du demi démon l'aveugle et il est difficile de lui trouver une qualité. Soit elles sont absentes, soit elles sont tellement poussées à l'extrême qu'elles en deviennent un défaut. Ce qui pourrait être de la détermination dévie en obstination, son intelligence corrompue par son sadisme devient de la mesquinerie et son irréprochable ponctualité dérive de troubles perfectionnistes et paranoïaques.

Sa mégalomanie serait de loin son pire défaut, duquel découle tous les autres. Il veut être l'image parfaite de la décadence, des vices poussés à l'extrême, l'image que l'on attend de n'importe quel demi-démon : sanguinaire, décadent, fourbe et malsain. C'est un personnage qu'il joue et il s'est épris de cette image qu'il renvoie au monde. Il veut tant être au dessus de tout et de tous qu'il a réussit à s'en persuader. Mais au sommet, on est bien seul.

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
Celui qui se fait surnommer Maitre du Chaos mesure un bon mètre soixante-treize, mais étant d’un naturel fin et élancé, il semble parfois plus grand. Le charisme, ça joue. Ses longs cheveux, coiffés avec soin et délicatesse, sont d’un blanc éclatant malgré son jeune âge. Ses prunelles vermillons, elles aussi, trahissent sa nature démoniaque. Il laisse pousser ses ongles, qu'il lime comme des griffes et qu'il peint -au gré de ses envies- de rouge ou de noir.

Sa marque est une sorte d'œil écarlate situé derrière sa nuque.

• Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?
► Il ne redoute aucune aberration, puisque lui-même en est une.

Mais s'il devait se méfier de l'une d'entre elles, se serait le Dangbeetal. Le brave demi-démon laisse tant de cadavre derrière lui que cela pourrait attirer ces bousiers démoniaques !

• Son souhait le plus récent
► Il a souhaité que Nekhii lui masse les pieds. Et comme ses désirs sont des ordres, son brave serviteur s'est exécuté dans la seconde.

Questionnaire de Caste

• Où est-il né et de qui ?
► Sa mère était humaine, victime d’un démon aussi volage que libidineux. Point d’amour durant sa conception et encore moins pendant son développement. Il est né tôt, très tôt, et il aurait peut-être mieux fait de mourir à ce moment-là.
On l'a laissé au pied d'un arbre, là où il est né, dans les bois de Suhei.

• Dans quelles conditions s'est déroulée son enfance ?
► Il a été recueillit et éduqué par une vieille femme sénile et un peu gâteuse vivant seule à la lisère des bois, Mme Chao. La pauvre femme n'a pas compris que l'enfant abandonné était celui d'un démon et dans sa grande bonté, elle en a fait son fils. Mais, au fil des années, il a fallut se rendre à l'évidence : le garçon n'était pas tout à fait humain et ce qu'elle prenait pour une tâche de naissance dans son cou s'est révélée être la marque du mauvais œil. Elle tenta de se débarrasser de lui une première fois en l'abandonnant dans les bois. Tel un gentil petit poucet, il retrouva son chemin.
La seconde fois, elle tenta de l'étouffer dans son sommeil. Ce fut sa dernière tentative. Elle échoua, l'enfant se retourna contre elle et mit le feu à la maison.

Le reste de son enfance et de son adolescence fut compliqué. Terrorisé, craignant de se faire tuer par n'importe quel humain croisant sa route, il vécut caché dans les bois, dans la nature, jusqu'à atteindre les ruelles malfamées de Se-Hitsai. Il mendiait, volait, se cachait comme il pouvait. Il fit des rencontres qui lui confirmèrent le rang inférieur de l'humanité, il fit des rencontres qui l'aidèrent à avancer.
Et un jour, il a décidé qu'il en avait assez de ramper.

• A quel élément se rattache sa magie ? Comment se traduit-elle et quel est son malus ?
► Sa magie est liée au vent. Contrôlant l'air autour de lui, il peut diriger de petites brises ou de léger courant d'air. Pour des coups de vent plus puissants -pouvant repousser quelqu'un, pas déraciner un arbre- il s'aide de son éventail et de grands gestes des mains.
Il peut également souffler directement avec sa bouche, mais il ne peut pas utiliser plus d'air que ses poumons ne peuvent en contenir... Et c'est terriblement disgracieux.

Evidement, tout pouvoir à ses contrecoups et ceux de Yao Feng sont terribles pour sa santé. Des trop gros efforts l'essoufflent, il tousse, sa respiration est sifflante et il a des douleurs thoraciques plus ou moins importantes dans le pire des cas.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des êtres humains ?
► Il les méprise, ces êtres inférieurs, et souhaite leur mort rapide et douloureuse.
Et au plus profond de son être, il les jalouse.

• Cherche-t-il à dissimuler sa nature ? Si oui, y parvient-il facilement ?
► Il ne cherche pas à dissimuler ce qu’il est vraiment. Longtemps, il l’a fait en coupant ses cheveux très courts et en les couvrant de crasse et de charbon, puis il a compris que cela ne servait à rien de se cacher. Un insecte ne peut pas lui faire de mal, les humains ne peuvent donc pas lui faire de mal.

Il vit pourtant en retrait de la civilisation, dans les bas-fonds de Se-Hitsai, ne sortant que la nuit pour se nourrir et chasser les nouveau-nés ou jeunes enfants dont il raffole (leur sang est un excellent élixir de jouvence, à ce qu'il parait !) Il cache alors ses longs cheveux blancs sous une cape, sa marque derrière le col de ses longs hanfus aux couleurs vives...
Et c'est tout.

« Nekhii, que dirais-tu de mettre un trône ici ? En face de l'entrée, ce serait parfait. Il exposerait ainsi à toutes les personnes me rendant visite ma grandeur et ma beauté.

— C'est une excellente idée, Maître !

— Evidement imbécile, c'est la mienne. »

Je chassai d'un geste de la main l'immonde et stupide créature qui me servait d'homme de main et le contournai pour poursuivre la visite de la pièce. Elle n'était pas bien grande, totalement vide, mais c’était cela qui me plaisait. Elle était à moi et je pouvais en faire tout ce que je voulais.

Ici, ce sera ma tanière, ma demeure et mon domaine. Mon palais.

L’endroit se trouvait à Se-Hitsai, dans une ruelle sombre et mal famée qui ne seyait pas à ma grandeur. Pour y accéder, il fallait emprunter une porte dérobée à l’arrière d’un vieil entrepôt empestant l’alcool de riz et un escalier trop raide qui donnait l’impression de mener au centre de la terre.

Le propriétaire des lieux ? Je l’avais fait zigouiller. Personne ne s'inquiéterait de sa disparition, puisqu’il n’était qu’un ivrogne, une vermine sale et repoussante qui ne pouvait même pas me servir de déjeuner tant il était gras ! Parce que oui, on peut être un demi-démon et surveiller sa ligne. Bref ! Quoi qu’il en soit, l’endroit était désormais à moi et il était plus qu'urgent de refaire la décoration. Le Maitre du Chaos ne pouvait pas vivre dans un trou à rat.

Me stoppant au milieu de la pièce, j’eus une formidable idée. Encore une.

« Il nous faudrait de la lave.

— De la lave ? répéta Nekhii de son infâme voix de crécelle.

— Oui, de la lave. » J’écartai les bras, comme si les lueurs rougeoyantes de la roche en fusion brûlaient à mes côtés. « J'aimerais que les entrailles de la terre se déchirent en ces lieux et qu'elles exultent de toute leur puissance destructrice autour de mon trône. »

Imaginez la scène ! Moi, beau et parfait comme à l'accoutumé, installé dans mon trône de marbre noir. Quelques marches plus bas, les dalles sombres où mes serviteurs ramperaient et se prosterneraient. Une brise légère soufflerait dans les délicates mèches argentées de ma soyeuse chevelure, ne faisant qu'accentuer mon charisme naturel. Et tout autour, dans un arc de cercle parfait : la lave.

Le silence s'installa entre moi et mon serviteur. Nekhii me fixait, l'air bête. Quel mot de plus de deux syllabes n'avait-il pas compris, cette fois-ci ? Je l'interrogeai d'un haussement de sourcils et il exposa une fois de plus sa stupidité latente.

« La lave, ça vient de la terre ? C'est pas du feu ? »

Je roulai des yeux avant d'asséner une tape derrière son crâne. Pas trop fort pour ne pas le sonner, mais assez pour lui remettre les idées en place. Il couina de douleur, faible comme il était.

« Je te demande d'obéir, pas de réfléchir ! »

L'idiot acquiesça vivement, prit quelques notes sur sa vieille feuille de parchemin et je pus continuer d'exposer mes plans pour la rénovation des lieux. Les idées fusaient trop vite dans mon esprit et mon intelligence supérieure à celle de toute la race humaine me surprenait encore !

Sur la gauche, nous installerons un endroit où cuisiner et nous sustenter. Ce sera l’espace de Nekhii, puisque je confiais les tâches culinaires à mon serviteur. S’il devait bien avoir une qualité, en plus de sa loyauté sans borne, ce serait bien ses talents de cuisinier. Mais jamais je ne l’avouerai. Il pourrait prendre la grosse tête et j'avais besoin qu'il me reste dévoué et fidèle jusqu'à la fin des temps.

Sur la droite, il y aura un coin tranquille où je pourrais inviter la jolie Zhu à boire le thé. La faire sortir de cette infâme maison de plaisir demeurait une priorité, quand bien même les années avaient filé. La tâche s’annonçait ardue pour la ramener à la raison, mais un jour, elle sera bien obligée de reconnaître que j’avais raison. Parce que j’ai toujours raison.

Et au fond, dans la petite annexe, ce sera ma chambre. Il me faudra une grande armoire, immense, où je rangerai mes plus belles tenues ! Et à côté, je ferai installer un grand lit à baldaquin, comme ceux des empereurs Shuli ! Je me prélasserai dans des draps pourpres ou écarlates, un véritable cocon de soie, un écrin de velours qui sublimerait tout mon être.

Tout devait être parfait, à l'image du seul et unique maître des lieux : moi !

« Et là, nous mettrons un miroir » précisai-je en désignant un pan de mur d'un vague geste de la main. J'imaginai sans mal l'objet, presque aussi grand que moi, au cadre d'or et de rubis, pour que je puisse y mirer toute l'étendue de ma beauté.

J'eus un sourire que je ne pris même pas la peine de dissimuler. A mes côtés, l'autre demi-démon acquiesça une nouvelle fois.

Que de projets pour le Maître du Chaos !

Je tapai des mains, faisant un petit tour sur moi-même pour observer une dernière fois les lieux. Par tous les Dieux, qu'est-ce que j'avais hâte ! Je jubilai. C'était un nouveau chapitre de mon existence qui s'ouvrait enfin ! Fini les années de misère et bonjour la gloire et le pouvoir.

Personne n'arrête la tempête, Yao Feng sera inarrêtable.