Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► " Tu es trop faible. "
Voici le genre de mots qui marquent un enfant de neuf ans, surtout quand ces mots-là sont prononcés par une personne qui compte beaucoup pour lui.
Son enfance est très floue, très banale, mais ça, Jin s'en souvient.
Il se souvient du sourire narquois de l'adolescente qui lui fait face, de son air supérieur, du jaune de sa tunique brillant sous le soleil.
" Tu es trop faible. "
Elle le répète, en plus.
" Tu n'es pas digne du sang qui coule dans tes veines. "

• Quel est son statut familial ?
► Jin a une grande sœur du nom de Tomoe avec laquelle il entretient une relation catastrophique depuis leur adolescence. Par chance, il ne croise sa route que très rarement et ils s'ignorent volontiers pour s’éviter des disputes enfantines.

C'est un homme marié depuis cinq ans à une femme qu'il a épousé trop vite et qui ne l’aime plus vraiment. Ensemble, ils ont une fille de bientôt quatre ans.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?
► Sa fille, Yumi, alors que ce n'est peut-être pas la sienne. Il doit souvent s'absenter à cause de son travail et il n'est pas certain de la fidélité de son épouse qui doit trouver le temps long. Mais quand il a tenu cette chose si petite et si fragile dans ses bras pour la première fois, il s'est juré qu'il veillerait à jamais sur elle.

Il possède également un arc dont il ne se sépare jamais. La courbure et la taille rappellent ceux des nomades des steppes, c'était l'arc de son père et ce dernier lui a offert le jour où il est parti pour la capitale.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► Il se dirait brave. C'est ce qu'il faut être pour faire son métier et Jin estime posséder cette qualité. C'est vrai, mais au-delà de son courage, il y a sa dévotion et sa détermination. Le soldat se donne corps et âme pour les causes qu'il pense justes et il ne baisse jamais les bras lorsqu’il s’agit de défendre les plus faibles.

De cette qualité découle alors un de ses défauts majeurs ; Jin Furuda est obstiné. C'est pourtant un homme intelligent et de réflexion, mais lorsqu'il s'est mis en tête de protéger quelqu'un ou quelque chose, rien ne peut le faire changer d'avis. L'injustice le met hors d'état de lui et il se permet souvent d'intervenir lorsqu’une situation lui semble injuste. Il est conscient de ce défaut et tâche de prendre sur lui pour contenir ses élans impulsifs de héros du peuple... Il essaye.

Car son autre tare majeure, c'est la rancœur et la violence qui en découle. La droiture, l'humilité et la rigueur que lui ont enseigné son père et l'armée contrebalance son tempérament impulsif et envieux, mais il arrive encore que l'homme cède à son orgueil ou à ses colères. Il perd pied lorsqu'on s'attaque à ses principes, à son code d'honneur... Ou lorsqu'on lui rappelle ses échecs. A ses yeux, voilà son plus grand défaut. Pour des mots ayant dépassé le stade de pensée, pour une remarque piquante sur son incapacité à être yiheliste, une fois, il a été jusqu'à frapper son épouse. Depuis, il n'a plus jamais touché sa femme, reste chez lui le moins possible et s'est muré dans le travail.

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
► Jin Furuda mesure un bon mètre soixante-quinze. Son corps est marqué par le dur travail qu'il s’impose depuis ses seize ans et il possède une musculature correcte grâce à un entraînement rigoureux et quotidien. Il poursuit ses efforts encore aujourd'hui, car il sait que son âge le rattrape et il ne veut pas terminer avec les mêmes poignées d'amour que son vieux père.

Il noue ses cheveux noirs, mi-longs, parsemés de quelques mèches blanches, d'un ruban jaune qu'il tient de sa mère et c'est bien la seule chose qu'il garde d'elle. Ses yeux sont de couleurs noisettes et semblent plus sombres dans l'obscurité. Il n'avouera jamais qu'il commence déjà à y voir mal de près. Tant qu'il voit de loin et qu'il atteint encore le centre de sa cible, ça lui suffit.

Un tatouage de dragon orne son bras gauche, entouré de nuages tumultueux et d'éclairs. Petit, il avait peur de l'orage. C’est son père qui lui a appris à le craindre, car il est la manifestation de la colère du Ciel. Et puis un jour, Jin s'est dit qu'il cesserait d'avoir peur et qu'il serait le dragon qui chevauche la tempête. Ce tatouage est l'illustration de sa détermination ; mais son épouse, elle, dit que ça lui fait ressembler à un voyou ou pire, à un Shiroma

• Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?
► Toutes, même si Aalz et Khurgis le répugnent tout particulièrement. Mais ce n'est pas une peur stupide et incontrôlable qui bloque son cerveau et paralyse ses muscles. C'est une peur qui le pousse à la prudence et à l'apprentissage. C'est une peur qu'il veut surmonter pour mieux vaincre ces créatures infâmes.

Bien incapable de les combattre seul - il a essayé quelques fois et a failli y laisser un bras, une partie de ses entrailles et la vie - il ne désespère pas et propose souvent son aide aux yihelistes qu'il croise. Il ne maîtrise aucunement le Yih  - sa mère lui a même confié qu'il avait le Yih le plus faible qu'elle n'ait jamais vu ! - mais il a quelques arguments de taille : il sait tirer une flèche entre deux yeux, trancher ses ennemis et utiliser des explosifs.
Et, au pire, il pourra escorter les braves yihelistes et les protéger des brigands.

• Son souhait le plus récent
► Pouvoir rentrer chez lui pour l'anniversaire de Yumi.
Il a une jolie poupée à lui offrir.

Questionnaire de Caste

Il s'agit d'un Civil

• A quel groupe social appartient-il ? (est-il aisé ? Modeste ? Miséreux?)
► Il a longtemps vécu dans la pauvreté. Son père n'était qu'un modeste artisan cordonnier. Sa mère aurait pu subvenir à leurs besoins... Elle ne l'a pas fait. Un jour elle est partie avec sa fille, et elle a coupé les ponts avec son époux et son fils.

En arrivant dans la province de Songhi à ses seize ans, Jin n’avait pas grand-chose sur lui, si ce n’est un arc et sa motivation. En gravissant peu à peu les échelons de l’armée, il gagne à présent assez pour louer une petite maison convenable dans un quartier moyen de la capitale. Il envoie le reste à son père.

• Est-il originaire de la Province où il vit ? Si non, d'où vient-il ?
► Non. Etant le fils d’une yiheliste du clan Yiritai, Jin est né dans la province de Yaonin où il est resté une petite année, avant de passer toute son enfance dans la province de Tokhan où vivait et travaillait son père (lui-même originaire d’Akkan.) Mais comme il ne se voyait pas passer sa vie dans ce coin paumé, Jin est rapidement entré dans l'armée. Jeune, il avait des tas d'aspirations guerrières et des idéaux de gloire et de justice. Il a très vite déchanté.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des demi-démons ?
► Son devoir le pousse à arrêter les criminels, qu’ils soient humains ou demi-démons, mais aussi et surtout à protéger la population. Les demi-démons étant une menace pour les shulis, il fera tout son possible pour neutraliser cette menace. S’il est possible de discuter avec certains, les plus violents sont éliminés sur le champ.
Cependant, il n’éprouve aucun plaisir particulier à les tuer.

• Au sein du Panthéon, prie-t-il un dieu en particulier ?
► En tant que guerrier, il compte évidemment sur la protection de Zicer Lua.
Une fois par an, cependant, il se tourne vers le Ciel et lui adresse quelques prières pour son père qui y croit plus que lui.

• A-t-il des ambitions pour le futur ? Si oui, lesquelles ?
► Son objectif ultime est de battre sa sœur, de lui faire ravaler son orgueil et de lui prouver qu'il n'a pas besoin d'être yiheliste dans un clan important pour lui tenir tête et faire son travail mieux qu'elle.

Il aimerait également que le Yihel ne soit plus une pratique privée. Les clans se font la guerre plutôt que de protéger le peuple, il aimerait que tout cela change. Que chacun soit formé à la maîtrise du Yih et que tous puissent se défendre.

Ce serait sa revanche, lui qu'on a écarté de cette voie dès la naissance.

Texte RP

« Sais-tu pourquoi les marmottes n'ont pas de pouces ? »

Yumi lève ses grands yeux noirs vers son père. Elle secoue la tête à la négative.
Non, elle ne sait pas.

« Et sais-tu pourquoi la queue de l'hirondelle est fendue ? »

Une nouvelle fois, l'enfant fait "non" de la tête. Elle remarque alors le sourire qui éclaire le visage de son père et elle devine sans mal qu'il s'amuse de la situation. Ses questions bizarres n'ont pas de sens, voilà ce qu'elle aimerait lui dire ! Et il le sait. Il se souvient qu'il avait pensé la même chose quand son père l'avait questionné.

C'était il y a si longtemps. Jin Furuda a presque oublié.



« Et sais-tu pourquoi il n'y a qu'un seul Soleil dans le grand Ciel ? »

Jin fronça les sourcils. Ce coup-ci, il ne se ferait pas avoir. Du haut de ses sept ans et trois quarts, il se pensait assez grand pour avoir un avis bien tranché sur la question.

« Il y en a toujours eu qu’un seul ! »

Le visage toujours strict de son père s'illumina d'un sourire et un rire franc naquit au fond de sa gorge. Le visage du petit garçon se froissa dans une grimace et il fixa son père d'un air aussi sévère que perplexe. Son amusement apaisé, Siban se pencha vers son enfant pour lui révéler son secret.

« Non, mon fils. Il y a bien longtemps, avant même que Songhi ne soit un empire et que les dynasties s'établissent pour des millénaires sur les terres d'Anshul, quand les hommes vivaient libres dans toutes les steppes et que leur seule limite était l'horizon... Il y avait Sept Soleils au firmament. »

La surprise naquit sur le visage de l’enfant, la bouche ouverte dans un O quasi parfait et les yeux rivés sur cet homme semblant porter toute la connaissance du monde. Il poursuivit.

« Le vent qui soufflait alors était chaud et brûlait la terre. Le sol de notre grande steppe craquait et se fendait. Le Gouffre qui borde aujourd'hui Akkan... On raconte qu'il est apparu à cette époque. Les arbres se desséchaient, se flétrissaient et mourraient, comme les Hommes et le bétail. Le Torrent, lui, n’était qu’un chemin de terre.

En ces temps anciens et difficiles vivait un archer. Il se nommait Erkhii Mergen. Tout le monde connaissait Erkhii Mergen. Il était grand, il était fort et il était beau. Mais plus encore, il n'existait pas de meilleur archer que lui. Chaque flèche qu'il tirait touchait sa cible, qu'elle fusse tirée les yeux fermés, face au vent de la tempête ou sur le dos du plus hargneux des destriers ! Vif écureuil, ours sauvage ou mouflon intrépide, aucune bête n'échappait à ses flèches.

Les habitants des steppes, conscients de ses talents, virent à lui pour le supplier : " Ô grand archer Erkhii ! De ton arc puissant, de ton œil vif et de tes flèches acérées, vise les Sept Soleils et libère nous du Fléau ! "

— Il a accepté !? demanda Jin en osant couper la parole à son père et celui-ci eut un tendre sourire.

— Oui, il a accepté.

Mais vois-tu, Erkhii Mergen avait le cœur lourd d'orgueil. Il confondait adresse et bravoure et il ignorait que la véritable force réside dans l'humilité. Il fit alors un serment : " Si je ne peux pas toucher les Sept Soleils avec mes sept flèches, je me couperai les pouces. Je ne serai plus archer et je ne serai plus homme. Je ne boirai plus l'eau claire des ruisseaux et ne mangerai plus que de l'herbe sèche et de la paille. Je poursuivrai ma vie sous la forme d'une marmotte, dans le plus sombre des terriers. "

Fier et assuré de sa victoire, il grimpa sur les tertres les plus hauts. Il s'empara de sa flèche, l'encocha. La corde se tendit alors qu'il amenait sa main à sa joue. La première flèche fila dans le ciel et toucha le premier des astres. Les autres Soleils s'enfuirent, d'Est en Ouest, espérant trouver refuge derrière l'horizon. Mais Erkhii était vif et habile ; six flèches il tira, six Soleils il toucha.

Ne restant que le Septième, il prit son temps pour faire durer le spectacle. Le geste était parfait, comme toujours, et il voyait déjà sa flèche fichée au cœur de l'ultime Soleil. Pourtant, à l'instant même où il décocha sa flèche, une hirondelle fendit les cieux, aussi rapidement que la pointe fendit sa queue. »

La voix de son père se tut. Jin le regarda, saisit, comme avait pu l'être Erkhii Mergen en constatant qu'il avait manqué sa cible.

Finalement, Siban reprit.

« La nuit tomba sur nos belles steppes. Furieux et blessé, l'archer jugea que l'oiseau qui avait dévié sa flèche ne méritait que la mort. Il enfourcha son fidèle destrier et s'élança à sa poursuite. Le cheval avait beau être le plus rapide et le plus endurant, jamais ils ne parvinrent à rattraper l'hirondelle. Ils filèrent dans la nuit jusqu'au petit matin. Ils traversèrent le jour au galop et le soir revint sans qu'ils n'aient attrapé l'hirondelle.

Erkhii châtia son cheval sous le coup de la colère, puis il tint sa promesse. Il se trancha les pouces et plus jamais il ne put tenir un arc. Il ne but plus jamais l'eau claire des ruisseaux et ne mangea plus que de l'herbe sèche et de la paille. Année après année, caché dans son terrier, il n'attendait plus que le lever du jour, pour voir poindre la seule cible qu'il n'avait jamais touchée.



— Et aujourd’hui, les marmottes creusent encore la terre, qui sait, pour espérer trouver les pouces de l'archer. »

Yumi le regarde, émerveillée, un large sourire aux lèvres, de la même manière que lui-même avait pu regarder son père. Il n’a pas oublié le conte de ses ancêtres et il éprouve une certaine fierté à le transmettre à sa fille.

Seule la femme qui partage son nom ne semble pas de cet avis. Depuis la cuisine, elle écoute les inepties de son époux et les juge avec mépris et méfiance. Le Soleil court dans le firmament pour fuir une marmotte vengeresse ? Que Yie Jiu veille sur elle et qu’elle protège sa fille de tels blasphèmes !

« Tu devrais arrêter de lui raconter ce genre d’histoires stupides, nous ne sommes pas des sauvages des steppes.

— Son grand-père est un “sauvage des steppes”.

— Pas elle. »

Il glisse un regard vers elle, aussitôt elle détourne les yeux. Son tempérament lui fait peur, elle n’a plus le courage de se dresser devant lui autrement qu'avec des remarques acerbes.

« Quand est-ce que tu repars ?

— Bientôt. »

Elle hoche la tête, la réponse ne lui convient pas. Elle aurait aimé qu'il parte dès demain. Yumi s'installe dans le dos de son père et défait ses longs cheveux - pas autant que ceux de sa maman, bien sûr - pour lui faire des nœuds quelques tresses. Jin soupire.

« Ton époux est capitaine, maintenant, tu le sais ? »

La femme croise les bras, s'adosse dans l'encadrement de la porte tout en surveillant l'homme trop près de sa fille.

« Le mérite-t-il ? »

En prévision d'une nouvelle colère, elle clos aussitôt la discussion. Elle se redresse et fait signe à l'enfant.

« C'est l'heure d'aller te coucher, Yumi. Tu vas à l'école, demain. »

L'enfant rouspète un peu, mais après un bisou sur la joue de son père, elle quitte la pièce. Jin la suit du regard. C'est fou comme une créature aussi fragile et innocente l'apaise. Il rassemble ses cheveux noirs et les noud avec son ruban jaune.

Il a beau tout faire pour tenter de l'ignorer, il sent le regard de son épouse sur lui. Elle le juge, elle le méprise. Les œillades amourachée se sont envolées depuis longtemps. Après un temps d'hésitation, il pivote dans sa direction. La femme s'avance vers lui au même instant et s'accroupie à son niveau.

« Il y a un autre archer qui ferait mieux de se cacher dans un terrier, Jin. » Trop près de lui, à présent, elle ose lever les yeux vers son époux. Leurs regards se croisent un bref instant, elle le défie dans un souffle. « Toi non plus, tu n'atteindras jamais le soleil. »



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La légende contée par Jin et son père est une légende mongole (un peu adaptée à l'univers du forum) trouvée dans l'ouvrage Contes des sages de Mongolie, anthologie réalisée par P. Fischmaan et G. Mend-Ooyo