Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► Il se souvient très nettement de la nuit où le navire sur lequel il se trouvait a fait naufrage. Il avait huit ans quand c’est arrivé. Cela faisait plusieurs semaines que lui, sa famille et de nombreux autres habitants de son ancien pays avaient pris la mer pour fuir la guerre. Cette nuit-là, une violente tempête a éclaté et une immense vague a submergé le navire. La plupart des passagers ont sombré avec le bâteau. Il a tout fait pour sauver et protéger son jeune frère âgé de quatre ans, en vain. Le jeune Osheen n’a survécu que par miracle et a été secouru par des pêcheurs au lever du jour, bien après que la tempête se soit apaisée. Vingt-sept ans plus tard, le souvenir d’Emyr hante toujours ses rêves.

• Quel est son statut familial ?
► Osheen est seul. Cette solitude qu’il n’a jamais voulu, il se l’est pourtant imposée.

Autrefois, Osheen avait des parents et un jeune frère. Il les aimait. Mais la guerre les a poussés à fuir leur pays par la mer. Et puis il y a eu cette tempête. En seulement quelques semaines, Osheen a tout perdu. Sa nation, sa maison, ses parents et son frère. En quelques semaines à peine, il est devenu exilé et orphelin.

Mais il n’est pas resté exilé et orphelin très longtemps puisqu’il a été recueilli par un homme du clan LongYan, DàXin LongYan. C’était un homme au grand cœur, alors quand il a vu ce jeune garçon, seul, rescapé d’un tragique naufrage, il n’a pas hésité à l’accueillir dans sa maison et à l’élever comme son fils. DàXin était marié et était papa d’un petit garçon du même âge qu’Osheen, ce qui a beaucoup aidé le garçon à se remettre de la perte de sa famille et à reprendre goût à la vie. Mais DàXin aussi est mort en mer. Il était Yiheliste et comme tous ceux du clan LongYan, il faisait son service de trois jours, deux fois par mois. Un jour où un Bhasma Garne aurait été aperçu, DàXin avait plongé pour sauver son binôme tombé à l’eau lors d’un affrontement contre des Kekadas. Malheureusement, aucun des deux hommes n’est remonté. Osheen venait d’avoir treize ans quand son père adoptif a disparu. Deux ans après, sa mère adoptive s’en allait aussi, emportée par le chagrin. A quinze ans, il se retrouvait à nouveau orphelin. Mais au moins, cette fois, il avait encore son frère d’adoption.

Ce frère s’appelait Faelan, il était de deux mois plus jeune qu’Osheen. Ces deux-là étaient inséparables et se complétaient parfaitement. Ils se connaissaient par cœur et ils faisaient souvent équipe. Il régnait entre eux une sorte de symbiose qui leur permettait de s’accorder parfaitement durant un combat. Hélas, cette symbiose n’a pas empêché ce demi-démon de l’eau de tuer Faelan sous les yeux impuissants d’Osheen. Depuis lors, il voue une haine viscérale envers les demi-démons.

Autrefois, aussi, Osheen était marié et il était père. Il s’est marié sitôt après avoir réussi son examen à la plus belle femme du clan LongYan, selon lui. Elle s’appelait Astrid et ils s’étaient connus enfants, lors de leur apprentissage Yihel. Le courant était tout de suite passé entre les deux et leur amitié s’est transformée en amour au fil des années. Un joli conte qui pourtant s'est mal fini un an après leur mariage. Astrid n’a pas survécu à la naissance de leurs enfants, les jumeaux Eden et Eileen. La mise au monde des jumeaux l’a beaucoup affaibli et elle ne s’en est pas remise. Abattu par la mort de sa femme, il a élevé seul ses deux enfants et les a aimé de toute son âme et de tout son coeur. Mais tout l’amour qu’il leur portait n’aura pourtant pas suffit à les protéger contre cette mauvaise fièvre qui les a emporté tous les deux, cinq ans plus tard.

C’est après le décès de ses enfants qu’Osheen a décidé de s’éloigner des gens, persuadé, lui aussi, qu’il apportait la mort à celles et ceux qui s’approchaient trop près de lui. Aujourd’hui, bien qu’il fasse toujours partie du clan LongYan, il vit éloigné du domaine du clan, au sommet d’une falaise sur la pointe nord de l’île Xian. Bien qu’il continue à faire son devoir de Yiheliste, il évite de s’attacher aux autres et garde une certaine distance avec eux, autant pour les protéger que pour se protéger lui.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?
► De sa famille, il ne lui reste plus que des souvenirs ténus. Il n’a rien pu conserver d’eux après le naufrage.

De DàXin et Faelan, il a conservé les armes Yihelles. La hache de guerre Hēi Tiānshǐ, "Ange Noir", de DàXin et la faux noire Siste Dom de Faelan, "Jugement Dernier" dans la langue natale d'Osheen. Et de sa mère, TòngXin, il a gardé sa bague de fiançaille.

Il porte précieusement autour de son cou l'alliance d’Astrid et la sienne et de ses enfants, il a gardé leurs jouets préférés.

Il a perdu tous ceux qu’il aimait et ne veut plus se lier à qui que ce soit de quelque façon que ce soit. Son cœur ne supporterait pas une nouvelle perte et toutes les souffrances qui suivent.

Il possède un faucon, un cadeau de Faelan. Il y tient énormément et l’a affectueusement nommé Chì Fēng. Il possède également un jeune et fougueux étalon nommé Ymir.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► Pour Osheen, sa principale qualité c’est sa rigueur en ce qui concerne son devoir de Yiheliste du clan LongYan. Et il est vrai qu’il prend son travail très à cœur. La sécurité de son clan, celle des civils de sa province d’adoption ainsi que de tous ceux qui traversent les mers Shulis, il en fait sa priorité. C’est quelqu’un de fiable et de loyal sur qui on peut réellement compter en cas de problème.

Son principal défaut, eh bien… c’est son mauvais caractère. Depuis neuf ans qu’il vit seul, à l’écart du clan, et plus encore depuis la mort de Faelan, Osheen est devenu asocial. Il se montre très froid et très distant avec les gens et est facilement irritable. Il est très direct et très franc dans sa façon de parler, il n’y va pas par quatre chemins et ne prend pas de pincette pour dire ce qu’il pense, ce qui le rend assez rude. Les gens qui ne le connaissent pas ont tendance à ne pas l’apprécier. Et au contraire, ceux qui savent par quoi il est passé ressentent de la pitié pour lui.

Osheen n’est pas un mauvais bougre, au fond, il a simplement était très éprouvé par la vie et a énormément souffert. Son sale caractère n’est là que pour cacher ses cicatrices et protéger son pauvre cœur déjà bien meurtri. Sous sa carapace épaisse se cache en réalité une grande gentillesse. Qu’il râle ou qu’il soit mécontent, il répond toujours présent quand on a besoin de lui et se démène toujours pour venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin.

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
► Taille : 1m85
► Silhouette : Athlétique.
► Cheveux : Longs, noirs, épais et hérissés.
► Yeux : Marrons très foncés.
► Carnation : Pâle.
► Signe particulier : Il porte des gants noirs pour manier son arme, on dit que c’est une coutume de son pays natal.

• Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?
► Concrètement, Osheen redoute un peu toutes les Aberrations. Mais celle qu’il craint par-dessus tout, c’est le Bhasma Garne car c’est une créature mystérieuse qui ne se montre que rarement et dont, par conséquent, on ne sait presque rien d’elle. C’est ce manque de connaissance qui rend cette créature très dangereuse à ses yeux.

• Son souhait le plus récent
► Bien qu’il ne se l’avouera pas, la solitude est difficile à supporter. Son souhait, depuis quelques années, c’est de trouver quelqu’un à aimer, de quelque façon que ce soit. Mais la peur de perdre une nouvelle personne chère à son cœur est si grande et si forte qu’il s’interdit même d’y penser. Alors il refoule ce souhait au fond de lui et supporte cette solitude.

Questionnaire de Caste

Il s'agit d'un Yiheliste

• Est-il né au sein du clan auquel il appartient ? Si non, où est-il né, à quel âge et pourquoi a-t-il rejoint son clan ? (Si c'est un Égaré, de quel clan provient-il et pourquoi l'a-t-il quitté?)
► Osheen n’est pas né à Anshul. Il est né dans un pays bien plus au sud de l’empire. Il a fui sa terre natale avec sa famille pour échapper à la guerre. Après le naufrage de son navire, il a été sauvé avec quelques autres survivants par des pêcheurs à quelques kilomètres des côtes de l’île de Xian. Il est entré dans le clan LongYan après avoir été adopté par DàXin, à l’âge de 8 ans, et a abandonné son ancien nom de famille pour prendre celui de sa famille d’adoption. DàXin a senti un potentiel en lui et l’a donc confié à un Maître-Yiheliste en même temps que son fils, Faelan, pour qu’il entame son apprentissage Yihel, quelques mois après son arrivée. Cela a beaucoup aidé Osheen à s’intégrer au clan et à mieux apprendre à parler le Shuli.

• Quel est son rôle et/ou sa fonction dans son clan ? (Si c'est un Égaré, quelle était sa fonction au sein de son ancien clan ?)
► Comme tous les Yihelistes du clan LongYan, son rôle est d’empêcher les Aberrations, les démons et les demi-démons de sortir des frontières d’Anshul. Donc deux fois par mois pendant trois jours, il se rend sur les colonnes de puissance en compagnie d’un pair purificateur pour maintenir les monstres à l’intérieur des frontières Shulies et les exterminer.

• Quelle est sa spécialité ? (extermination / purification)
► C’est un exterminateur.

• Quelle est son arme yihelle ? Quel nom porte-t-elle ?
► Son arme Yihelle est un sabre traditionnel Shuli qu’il a baptisé Echtach, qui signifie “qui donne la mort” dans sa langue natale. Il n’est cependant pas rare de le voir utiliser une grande faux noire, similaire à la Siste Dom de Faelan, comme arme de soutient.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des demi-démons ?
► Osheen n’a jamais porté les demi-démons dans son cœur. Depuis qu’il est arrivé sur l’île de Xian, on lui a dit que ce sont des êtres corrompus nés de l’union non consentie d’une humaine et d’un démon. De fait, à ses yeux, ils ne valent pas plus que les Aberrations. Cependant, depuis la mort de Faelan, tué par un demi-démon de l’eau, il leur voue une haine viscérale et se montre encore plus impitoyable à leur égard.

It’s a wonderful world

La délicate caresse du vent sur ma joue me tire du sommeil en douceur et les joyeux éclats de voix à l’extérieur me poussent à ouvrir les yeux. La lumière est vive, éblouissante, il me faut quelques instants pour m’y habituer.

Je me redresse lentement et je regarde autour de moi. Je suis dans la chambre de mon enfance. Inconsciemment je souris et sans me presser, je me lève et je sors. Je traverse la pièce principale de la maison où j’ai grandi, elle est emplie de la délicieuse odeur de la cuisine de ma mère. Ça me met de bonne humeur.

Arrivé devant la porte, je tends la main, lentement, puis je suspends mon geste à quelques millimètres de la poignée. Je ne sais pas pourquoi, mais j’hésite à l’ouvrir. Mais les voix à l’extérieur, ces voix si familières, résonnent comme un appel. Alors après avoir pris une profonde inspiration, j’ouvre la porte.

Là, à l’extérieur, au-delà des murets qui délimitent notre propriété, s’étend à perte de vue un gigantesque champ de blé. Le vent fait danser les tiges dans un délicat bruissement. Les rayons chauds et clairs du soleil font luire les céréales comme de l’or et au-dessus du champ, il y a le ciel bleu et sans nuage. Ce décor m’est totalement inconnu, le paysage qui entourait la maison où j’ai grandi ne ressemblait pas à ça.

“Osheen !”

Une voix m’appelle. Douce, riante, débordante de vie. Ah, comme elle m’avait manqué, cette voix, celle d’Astrid, mon aimée. Je tourne la tête vers elle et mon cœur s’emplit d’une agréable chaleur. Un sourire né naturellement sur mon visage. Oh… comme elle m’a manqué. Je m’approche, je l’enlace avec tendresse et je l’embrasse avec tout l’amour que j’ai pour elle. Ma belle, ma douce Astrid. Son rire éclate, chantant et joyeux.

“On n’attend plus que toi, viens, dépêche-toi.”

Sa main glisse dans la mienne et je la resserre comme si j’avais peur de la perdre à nouveau. Elle m’entraine rapidement vers l’arrière de la maison et je remarque que celle-ci est entourée par des champs de blé jusqu’au-delà de l’horizon. Mais je ne m’attarde pas sur ce détail, il y a plus intéressant juste devant moi. Assis autour d’une longue table, ils sont tous là. Mes parents et mon frère Emyr. Il est adulte à présent, et il est très bel homme. DàXin et TòngXin sont là également, ainsi que Faelan. Et au bout de cette table, il y a deux adolescents. Mes enfants, Eden et Eileen. Comme ils sont beaux ! De vraies merveilles !

Mes enfants viennent m’accueillir et je les serre tous les deux avec force. Une vague d’émotion me submerge et mes yeux me brûlent un peu.

“Mes amours… vous avez tellement grandis… vous êtes magnifiques.”

Eden rit tandis que sa sœur Eileen râle un peu. Elle a le tempérament de sa mère.

“Papa ! Tu nous étouffe !”

Je ris à mon tour et je les libère après avoir couvert leurs joues de milliers de petits baisers. Ces petits monstres m’ont affreusement manqué. Puis un à un, j’enlace et j’embrasse chaque convive. Ils me sont tous tellement précieux. Nous nous installons finalement à table et nous partageons tous ensemble ce délicieux repas que ma mère a si bien préparé.

A présent, le soleil décline lentement. Le temps passe si vite quand on est heureux. Je prends le temps d’observer la tablée devant moi. Mes pères discutent de techniques de combat pendant que mes mères et Astrid discutent chiffon. Près de moi, Faelan chahute avec mes enfants. Lui-même a toujours été un grand enfant, ça me fait doucement sourire .

Ce tableau aurait pu être parfait s’il ne manquait pas Emyr et son absence m’alerte aussitôt. Je me lève brusquement pour regarder aux alentours mais je ne le vois pas.

“Où est Emyr ?”

Mon père me regarde en souriant paisiblement, comme si tout aller bien, comme s’il n’y avait aucun problème.

“Ton frère est parti, Osheen. Mais ne t’en fais pas, il va bien.”

Je regarde mon père, un peu déconcerté. Quelque chose cloche et ça m’inquiète davantage. Je quitte la table précipitamment sous les yeux surpris de mes proches et je me lance à la recherche de mon petit frère.

En revenant vers l’avant de la maison, j’aperçois Emyr s’enfoncer dans le champ de blé, bien au-delà des limites de notre propriété. Une forte angoisse me saisit le cœur et je me lance à sa poursuite, dépassant moi aussi les murets de notre maison.

“EMYR !”

Je hurle de toutes mes forces mais il ne m’entends pas. Au loin, le son de la houle me parvient et mon angoisse grandit. Pas par là, petit frère ! Reviens ! Je tente de crier mais les mots ne sortent pas de ma bouche et restent coincés dans ma gorge.

Je remarque rapidement que le sol a changé sous mes pieds. C’est plus de la terre mais de l’eau. Les champs de blé dorés ont eux aussi disparu pour laisser place à un marécage boueux, immense et sans fin. Le ciel au-dessus de moi est devenu orageux et le vent s’est levé. Plus j’avance, plus je m’enfonce et plus Emyr s’éloigne. Et j’ai beau l’appeler, ma voix ne l’atteint pas. Je ne peux que le regarder s’enfoncer encore et encore dans ces eaux sans fin, impuissant et inutile. Ma gorge se noue tandis qu’il disparaît finalement, englouti par des de grandes et puissantes vagues. Le marécage n’est plus là, remplacé par une mer sombre, froide et déchainée.

Le tonnerre gronde doucement et je me retourne pour constater que ma maison a disparu et que ma famille se tient désormais sur une petite dune de sable fin qui menace, elle aussi, de se faire engloutir par les eaux déchainées qui montent bien trop rapidement. Je fais demi-tour pour le rejoindre mais le vent et les vagues me freinent. Je lutte de toutes mes forces contre les éléments pour les rejoindre. Je le dois, il faut. Je ne veux pas les perdre encore une fois.

C’est éprouvant, je crie, je hurle pour ne pas céder, pour ne pas me laisser emporter. J’y suis presque, encore quelques mètres. Un mouvement sur le côté attire mon regard. Une gigantesque vague se dirige vers la petite dune sur laquelle se tient ma famille. Pris de panique, je leur hurle de venir en leur faisant de grands signes mais ils ne réagissent pas. Au lieu de ça, ils me regardent tous, un sourire paisible sur leurs lèvres et une expression sereine sur leur visage. Je comprends finalement qu'ils ne viendront pas à moi et que malgré tous mes efforts, je ne parviendrais pas à les rejoindre à temps. Mais je ne peux pas me résigner à les abandonner. Alors je continue d’avancer envers et contre tout mais l’intensité du vent et la force des vagues redoublent et me font reculer.

L’immense vague déferle sur la dune et emporte ma famille avec elle. Un long hurlement de désespoir m’arrache la gorge tandis que je me laisse sombrer à mon tour dans cette mer enragée et impitoyable.

Mon cri et le tonnerre me réveillent en sursaut et je me redresse vivement dans mon lit. J’ai le souffle court et la gorge en feu et il me faut quelques instants pour réaliser que ce n’était qu’un rêve. Un horrible et affreux rêve qui me rappelle ô combien j’ai été impuissant à protéger les miens. Comme la nuit peut être cruelle, elle aussi.

Une vive douleur m’étreint le cœur et je me laisse retomber en arrière, les mains sur le visage, le corps tremblant et le tonnerre assourdissant pour étouffer mes longs et douloureux sanglots.