Questionnaire général

• Quel est son plus lointain souvenir ?
► Comme chez tout le monde, plus Meixing remonte dans ses souvenirs, plus ils se mélangent, s’estompent, se déforment, jusqu’à ce qu’elle ne soit pas sûre de ce dont elle se souvient réellement et ce qu’elle a reconstitué sur base de ce que sa famille lui a raconté. Mais qu’importe à quel point elle remonte loin, il y a une constante dans ses souvenirs : le concert perpétuel de l’Esplanade Harmonieuse. Elle se souvient de son admiration face aux artistes qui l’animaient, sa détermination à atteindre un jour des sons aussi sublimes qu’eux, sa fierté la première fois qu’elle a pu prendre place parmi les musiciens sur cette illustre esplanade… La musique est le fil rouge de sa vie, et le concert de l’Esplanade Harmonieuse en est l’illustration parfaite.

• Quel est son statut familial ?
► De par son statut de fille cadette d’une branche peu proéminente du clan, le mariage de Meixing ne presse pas vraiment – et ça l’arrange très bien comme ça. Les alliances que sa famille voulait sceller ont été conclues par le mariage de ses aîné(e)s et la continuité de la lignée est d’ores et déjà assurée en la personne de ses deux neveux. Oh, elle sait qu’elle se mariera tôt ou tard, mais rien ne presse. Pour le moment, papillonner de ci de là, échanger des mots d’esprit avec un jeune homme et des regards taquins avec un autre, lui convient à merveille.

On murmure toutefois qu’elle serait presque fiancée à son ami d’enfance, Yazhu Ruan, un artiste et Yiheliste comme elle de quelques années son aîné. Certains vont même jusqu’à le plaindre pour le manque de constance de sa « fiancée », tandis que d’autres balaient ces critiques comme étant simplement une des facettes du naturel fantasque de celle-ci. Et puis, ce n’est pas comme si elle avait un jour été plus loin que quelques joutes verbales avec les jeunes hommes en question. Cela veut-il dire qu’elle est une cruelle briseuse de cœurs qui ne cherche qu’à séduire pour mieux éconduire ? Certainement pas ! Elle n’est d’ailleurs jamais plus ravie que lorsqu’elle rencontre quelqu’un qui partage son goût pour les jeux de la séduction et son manque d’intérêt pour leur conclusion.

Quant à Yazhu et Meixing, ils rient bien des spéculations de leurs proches et aiment beaucoup comparer les atouts des différents jeunes hommes du clan – oui, hommes, Yazhu n’est pas vraiment intéressé par les femmes. Ils n’excluent pas non plus de se marier un jour, si leurs familles se font trop insistantes : de toute façon, une amitié fidèle leur semble une meilleure base pour lier sa vie à quelqu’un qu’une attirance sans doute fugace. Et ce qui se passe (ou non) dans leur chambre à coucher ne regarde personne d’autre qu’eux.

• Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel elle tient le plus ?
► Difficile de nommer l’objet auquel Meixing tient le plus. Sans doute ses instruments de musique, mais elle en a tant et il lui serait bien difficile d’en choisir un seul ! Elle préfère les instruments à cordes, qui lui permettent de chanter et jouer la mélodie accompagnatrice en même temps, par exemple le guzheng ou l’erhu (dont elle joue bien, même d'après les dires de sa famille), ou le pipa (les morceaux qu'elle joue suffiraient sans doute sur une place de marché de Se-Hitsai, mais sonnent presque enfantins comparé aux virtuoses de son clan). Elle joue également de quelques instruments à vent comme l’ocarina et le dizi (là encore plus par goût que par réel talent) et s’est même (brièvement) essayée aux percussions, notamment au gong, avant de vite conclure que ce n'était pas sa tasse de thé. Peut-être l’instrument auquel elle tient le plus est-il finalement son arme yihelle, un erhu nommé Jinghua Zhi Ge (« chant purificateur »).

Elle ne raffole par contre pas particulièrement des animaux (pas plus qu’elle ne les déteste : elle est indifférente à leur sujet). Il n’y a qu’une seule exception à cette règle : un petit chaton blanc nommé Zhong (« clochette », mais comme la corolle d’une fleur, pas l’instrument, étonnamment). Il est aussi adorable qu’espiègle et sait (malheureusement) que son air mignon fait qu’on lui pardonne trop souvent ses bêtises.

Quant à la personne à qui Meixing tient le plus, elle est à nouveau difficile à choisir : sa famille est nombreuse et ses amis le sont également. Mais il s’agit sans doute de Yazhu, son ami le plus fidèle. Leurs personnalités s’accordent à merveille, ils sont compères et complices de longue date, se connaissent l’un l’autre mieux que quiconque et chacun n’hésiterait pas à tout lâcher pour aider l’autre. Ils ont une relation extrêmement proche sans toutefois tomber dans le travers de la dépendance.

• Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon elle. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement.  
► On pourrait dire tant de choses sur Meixing ! Certains la disent vive et exubérante, d’autres charmeuse mais inaccessible, d’autres encore réservée et mystérieuse… Difficile donc d’identifier un défaut ou une qualité principale quand sa personnalité semble en flux constant. Peut-être est-ce là ce principal défaut, justement : ces multiples masques qu’elle porte en permanence et qui ne permettent pas de cerner qui elle est réellement derrière le masque. Il serait tentant de voir cela comme de la fausseté, voire même de la malhonnêteté. Pourtant, rien n’est moins vrai : Meixing est une actrice dans l’âme et ces masques qu’elle porte avec tant de naturel sont sa véritable personnalité, ou plutôt les multiples facettes qui la composent, combinées et modulées à sa guise. Et elle-même se délecte de pouvoir passer si facilement d’un rôle à l’autre, avec autant d’aisance que ses mains courent sur les cordes de ses instruments. Sa versatilité et sa capacité d’improvisation sont des forces, et non des tares.

Mais si l’instabilité de sa personnalité n’est pas son plus grand défaut, quel est-il ? Meixing elle-même citerait sans doute son incapacité à danser et jouer du guzheng en même temps ou son manque d’intérêt pour les mathématiques – selon son humeur du moment. Mais en vérité, son principal défaut est sans doute une certaine frivolité : car même si le chant, la danse et la musiques occupent une place centrale dans la vie de son clan, même les Shiroma doivent aussi se préoccuper de sujets moins artistiques et plus terre-à-terre.

• Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.
► L’apparence de Meixing change au gré de ses humeurs et des rôles qu’elle décide de jouer. Elle arbore presque toujours les couleurs orange et violet de son clan, mais les décline d’une multitude de manières différentes. Soieries amples et chatoyantes virevoltant au gré de ses pas de danse, lourds manteaux dont le capuchon cache ses traits dans une ombre mystérieuse, robes légères et diaphanes si fines que c’est à peine si la peau remarque leur présence… Il faut dire que la jeune femme est une hédoniste qui aime ce qui est agréable pour les sens, et toutes ses tenues sont donc aussi plaisantes à toucher (et donc à porter) qu’à voir.

Son visage aussi change régulièrement, puisqu’il est le masque qu’elle porte. Pas seulement parce qu’elle joue constamment avec ses expressions, mais aussi parce qu’elle les accompagne très souvent d'un maquillage approprié, qu’il s’agisse de dessiner d’élégants motifs sur sa peau ou encore de déformer légèrement ses traits. Bien sûr, certaines constantes restent, par exemple ses grands yeux gris ou les longues mèches noires qui encadrent son visage – quand elles ne sont pas relevées et attachées par d’élégants peignes.

Si la manière de se mouvoir et se tenir de Meixing varie elle aussi au fil du temps, il reste là encore quelques constantes. Elle a la grâce et le pied léger d’une femme qui a appris à danser presque avant de savoir marcher, même en plein combat. Elle est également quelqu’un de très tactile et bon nombre de ses marques d’affection passent par une caresse, une main posée sur un bras, voire une embrassade pour les personnes dont elle est réellement proche. Et elle aime beaucoup recevoir des marques d’affection semblables en retour. Ceci-dit, si elle se trouve face à quelqu’un que cette proximité met mal à l’aise, elle en tiendra compte et gardera ses mains chez elle.

• Quelle est l'Aberration qu’elle redoute le plus ?
► Jusqu’avant son Test de Confirmation, la réponse à cette question aurait sans doute été les Dangbetaals. En plus de balader un bagage franchement macabre, ces colosses monstrueux et imperturbables lui semblaient, de par leur taille immense et leur invulnérabilité à moins de les attaquer en groupe, être les Aberrations les plus dangereuses.

Son Test de Confirmation, les 12 heures les plus éprouvantes et terrifiantes de sa vie (elle en fait encore des cauchemars !) l’ont fait changer d’avis. Elle sait maintenant qu’il est encore plus ou moins possible de s’écarter du chemin d’un Dangbetaal, mais qu’il est bien plus difficile de se défaire de certaines Aberrations plus petites, surtout si elles chassent en groupe. Jusqu’il y a peu, la réponse à cette question aurait donc sans doute été : toutes, mais les Dangbetaals un peu moins que les autres. (Même si elle éprouve une légère fascination morbide pour la maîtrise de l’illusion des Shaifurs).

Depuis peu, ce sont cependant les Khurgis qui hantent ses cauchemars. Leur apparence est immonde, le fait qu’ils volent ne les rend que plus dangereux et leur mode de reproduction à lui seul est pire que les pires cauchemars de Meixing. Sans compter que c’est dans sa province natale qu’ils sont apparus et dont ils se sont répandus avant que quiconque ne remarque quoi que ce soit. Elle a donc la hantise que l’un d’entre eux se développe dans son environnement et qu’elle ne le remarque que trop tard. Ça, et elle craint les retombées politiques de leur apparition sur son clan. L’avenir dira si toutes ces craintes sont fondées (elles ne sont en tout cas pas rationnelles, mais c’est là le lot de toutes les craintes).

• Son souhait le plus récent
► Que les Yihelistes éradiquent les Khurgis jusqu’au dernier avant qu’ils n’aient l’occasion de se répandre et de devenir une Aberration « classique » d’Anshul. Autant dire que c’est râpé, mais ça ne l’empêche pas de réitérer ce souhait à chaque passage au temple.

Questionnaire de Caste

Il s'agit d'un Yiheliste

• Est-elle née au sein du clan auquel elle appartient ? Si non, où est-elle née, à quel âge et pourquoi a-t-elle rejoint son clan
► Oui. (Une réponse courte pour une fois, ça fera des vacances à Yihel.)

• Quel est son rôle et/ou sa fonction dans son clan ?
► Meixing fait partie des plus jeunes d’une grande fratrie née d’une branche mineure de la famille Shiroma. Elle jouit par conséquent des avantages liés à ce nom tout en échappant à bon nombre des devoirs qu’il implique. Sa position est donc plutôt enviable.

Initiée à différentes formes d’art dès son plus jeune âge, elle est une artiste douée aux multiples talents, en particulier dans le domaine des arts de la scène. Comme bon nombre des membres de son clan, elle est une excellente musicienne. Ses instruments de prédilection sont plus précisément l'erhu et le guzheng, même s'il lui arrive de varier pour le simple plaisir de varier. Mais elle est également une chanteuse à la voix claire et à la gamme élargie par des années d'entrainement et une danseuse gracieuse et infatigable. Elle aime aussi énormément le théâtre, puisque jouer un rôle (ou même plusieurs en rapide succession !) lui vient si naturellement. Et si quelque chose ne se passe pas comme prévu sur les planches, elle a un excellent sens de l’improvisation et de la répartie. Son habilité avec les mots a d’ailleurs donné des idées à sa famille, qui a commencé à la pousser gentiment vers la voie de la diplomatie. Reste à voir si c’est une voie qui lui convient, ou si elle ne s’y éternisera pas.

• Quelle est sa spécialité ? (extermination / purification)
► Purificateur. Elle vient à peine de commencer à apprendre le Sceau de Délivrance.

• Quelle est son arme yihelle ? Quel nom porte-t-elle ?
► Son arme yihelle est un erhu nommé Jinghua Zhi Ge (« chant purificateur »). Il a été fabriqué spécialement pour elle par un luthier renommé du clan et, en plus d’avoir un son doux et mélodieux, il est un instrument (dans tous les sens du terme) redoutable contre les Aberrations. Son boitier est renforcé pour résister aux chocs et servir d’arme contondante (quoiqu’il ne vaille peut-être mieux pas le fracasser contre le jade d’un chien de fô corrompu non plus) et son manche est lui aussi réalisé dans un bois plus résistant que la moyenne des erhus. L’archet, creux, contient deux lames fines et acérées d’une dizaine de centimètres chacune que Meixing peut sortir lors des combats. Elle combat généralement à distance et envoie voltiger erhu et archet sur l’ennemi en un ballet mortel, à l’aide de mouvements eux aussi ancrés dans la danse. Quelqu’un qui la connaît bien peut même se baser sur ses mouvements pour deviner quelle musique elle a en tête lorsqu’elle combat.

• Quel est son ressenti vis-à-vis des demi-démons ?
► Elle a appris tout au long de sa formation qu’ils sont des engeances de l’Autre Monde dont il faut débarrasser Anshul. Elle n’a pas de raison d’en douter, surtout vu que tout le reste de l’enseignement de ses maîtres s’est avéré véridique. Elle n’a par contre jamais croisé personnellement de demi-démon.

Texte RP

Les pêchers en fleurs répandaient une agréable odeur dans l’air alors que Meixing traversait le jardin à la hâte. Elle avait prévu d’y retrouver Yazhu en début d’après-midi, mais son attention avait été happée par un virtuose de l’erhu sur l’Esplanade Harmonieuse, et le soleil avait entre-temps bien entamé sa course descendante.

Elle ne tarda pas à trouver son ami, adossé au tronc d’un pêcher, les yeux dans le vague. De loin, elle crut qu’il rêvassait pour passer le temps, mais elle remarqua en s’approchant qu’il avait les lèvres pincées et la mâchoire serrée. Ça ne pouvait pas être son retard qui le contrariait ainsi : ils ne s’étaient jamais tenu rigueur pour si peu.

« Tu en fais une tête ! Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Elle s’assit à côté de lui, appuyée contre son côté. Un léger soupir précéda les mots de son ami :

« Apparemment, la réussite de mon Test de Confirmation a ravivé chez mes parents l’idée de me trouver une femme. »

Ah. Voilà qui remettait sur le tapis un sujet qu’il avait toujours soigneusement évité par le passé.

« Je vois. C’est une idée abstraite, ou ils t’ont déjà présenté quelqu’un ? »

« Oui. »

Un tel manque d’éloquence n’était absolument pas dans les habitudes de Yazhu. Même lorsqu’il n’appréciait pas un sujet, il avait l’art de l’emballer dans d’élégantes pirouettes verbales (qui servaient généralement à changer de sujet sans que son interlocuteur ne le remarque).

« Et ? », creusa Meixing.

Un nouveau soupir lui répondit :

« Oh, les candidates qu’on m’a proposées sont toutes charmantes, là n’est pas la question, mais l’idée d’épouser l’une d’entre elles ne m’emballe pas plus que ça. »

Elle avait sa petite idée des raisons pour cela. Avec un sourire taquin qu’il ne pourrait pas voir, mais qu’il entendrait dans sa voix, elle l’interrogea à nouveau :

« Et l’idée d’épouser Zhihao t’emballerait plus ? »

Elle le sentit se raidir immédiatement lorsqu’elle prononça le nom d’un de ses cousins à elle.

« C’est si évident que ça ? »

Ah. Evidemment. Elle aurait dû s’attendre à ce qu’il craigne le regard des autres et s’y prendre plus délicatement. Elle haussa les épaules

« Uniquement parce que je te connais. Tout comme toi, tu vois plus clair en moi que quiconque. »

Le silence plus long qu’à l’accoutumée lui fit tourner la tête vers son ami. Il affichait une mine perplexe et avait froncé les sourcils.

« Je ne me rappelle pas t’avoir vu manifester de l’intérêt de ce genre pour quiconque. »

Elle réprima un rire amusé pour lui répondre :

« Justement. La moitié du clan est persuadée que je cherche à séduire tous les hommes de notre génération, l’autre est convaincue que nous sommes fous amoureux et l’intersection entre les deux craint que je te brise le cœur par mes infidélités. »

La tension dans le corps de Yazhu disparut, chassée par les soubresauts d’un rire d’abord silencieux, puis éclatant et lumineux. Le tableau qu’elle lui dépeignait (certes, de manière peut-être un peu exagérée) était si absurde qu’il avait pour le moment chassé tous les soucis du jeune homme. Gagnée par l’hilarité de son ami, Meixing éclata elle aussi de rire et leurs deux voix se mêlèrent ainsi pendant un bon moment. Puis, leur fou-rire se calma graduellement tous deux redevinrent songeurs.

« Tu ne penses pas que tes parents vont finir par te laisser tranquille avec cette histoire de mariage ? Tu n’es pas leur aîné, ce n’est de toute façon pas à toi d’assurer la continuité de la lignée. »

Cette fois-ci, le silence de son ami indiquait une profonde réflexion.

« Je ne pense pas », déclara-t-il enfin. « Ils sont persuadés de veiller à mon bonheur. Ils ne veulent pas que je passe ma vie seul. Mais si– », il s’interrompit brusquement et Meixing lui jeta un regard interrogateur.

« Si quoi ? »

Il sembla à nouveau réfléchir avant de parler :

« J’ai perdu le fil de mes pensées, je ne sais plus ce que j’allais dire, désolé. »

Inutile de dire que la jeune fille était très peu convaincue vu comme il s’était arrêté abruptement. Mais elle ne dit rien : s’il préférait garder certaines pensées pour lui, c’était son droit.

« Et toi ? Tes parents se sont déjà mis à la recherche d’un beau jeune homme pour toi ? »

Elle rit tout en levant les yeux au ciel :

« Non, et ne leur mets surtout pas l’idée en tête. »

Il la regarda d’un air mi-étonné, mi-taquin :

« Comment cela ? Tu ne veux pas vivre une belle romance qu’on mettra en chanson et donner naissance à plein de petits musiciens pour la chanter ? »

Elle lui répondit d’un coup de coude dans les côtes :

« Tu veux dire lier ma vie à quelqu’un avec qui je ne suis pas sûre de m’entendre toute ma vie et avoir je ne sais pas combien de fois le ventre si distendu que je suis incapable de danser, ou même marcher correctement ? »

Elle entendit un « tsk tsk tsk » désapprobateur.

« Quelle description du mariage tu fais ! Où est donc ta fibre romantique ? »

Ses yeux partirent à nouveau regarder le ciel.

« Je suis très romantique, lorsque c’est des romances des autres qu’il s’agit. Mais je préfère de loin chanter ou assister à une romance à en vivre une. » Elle s’interrompit brièvement avant de poursuivre : « Sans compter que vu les rumeurs qu’on raconte déjà sur nous, un éventuel mari pourrait bien te jalouser et nous forcer indirectement à nous éloigner l’un de l’autre. Et ça, je n’en ai aucune envie. »

Son ton était catégorique, bien loin de sa frivolité oratoire habituelle. Yazhu passa un bras autour d’elle, et ils restèrent tous deux silencieux un moment avant qu’il ne rompe à nouveau le silence :

« J’ai peut-être une idée… » Il sembla hésiter avant de continuer : « Tu peux toujours m’épouser moi. »

La surprise plus qu’évidente de Meixing le poussa à clarifier rapidement son idée :

« Pas si tu rencontres quelqu’un d’autre que tu veux épouser, hein ! Et pas non plus si c’est l’idée même du mariage qui te rebute, et pas pour le consommer ou avoir des enfants ensemble ! Mais je me dis que si nos familles insistent à nous trouver quelqu’un avec qui passer notre vie, j’aime autant la passer avec toi, puisque nous sommes déjà proches… »

Nouvel élément inédit de la journée : la cascade de mots plus ou moins dépourvue de structure logique qui s’échappait de la bouche de son ami. N’aimant pas le voir si mal à l’aise, elle utilisa la première pause suffisamment longue dans son monologue pour le couper net :

« D’accord. »

Difficile de dire à quelle réaction il s’attendait, mais apparemment pas celle-là vu comme ses yeux prirent l’apparence de deux cercles parfaits.

« Je… Sérieusement ? Pourquoi ? »

Comme si ce n’était pas lui qui venait de lancer l’idée !

« Parce que je t’aime. Pas comme une femme aime son mari, mais comme on aime son ami le plus proche, son confident le plus constant. Je t’aime comme ces Yihelistes de légende dont on conte encore le lien indestructible après des siècles. »

Sa déclaration sembla résonner dans le calme du jardin, dont le fond sonore ne comportait que les chants d’oiseaux et celui d’une fontaine au loin. Puis, Yazhu retrouva l’usage de sa voix :

« C’est marrant, j’ai toujours cru qu’il s’agissait de couples qu’on n’a jamais identifiés comme tels parce qu’ils étaient composés de deux hommes. »

L’hypothèse fit pouffer son amie :

« Je n’y avais jamais pensé, mais à la réflexion, ta théorie a du mérite. »

Le silence s’installa à nouveau, mais c’était le silence confortable de deux proches qui ne ressentent pas le besoin de meubler les temps calmes.

« Moi aussi je t’aime », déclara Yazhu. « Pas comme un homme aime une femme, mais comme on aime son ami le plus cher, son allié le plus indéfectible. »

Elle répondit d’un sourire radieux et prit sa main dans la sienne pour la serrer.

« À l’amour qui ne mène pas au mariage. »

« Et aux mariages d’un amour qui ne se consomme pas », conclut-il.