Questionnaire général
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Quel est son plus lointain souvenir ?► Sarshuuvu est un homme de l’instant, du présent, à peine du futur proche. Ses souvenirs lointains sont donc flous et presque confus. Ils n’ont d’importance que s’ils impactent ses pas pour avancer. Même mettre des traits précis sur le visage de ses parents est difficile.
Ce jour-là ne fait pas exception à la règle. Ils doivent se trouver loin dans le nord, dans le pays des rennes, car le soleil est bas même en pleine journée. Son père lui tient la main, une prise ferme et stable, alors qu’il se penche sur des traces que le petit soi ne sait pas encore traduire.
Ces traces sont nettes : grosses comme deux mains d’adulte, profondes dans la neige, aux griffes nettement découpées. Un tigre dans toute sa splendeur, lui dit son soi du présent.
Il lève alors la tête et croise les yeux flamboyants de l’animal, plus chauds que le soleil lui-même, qui le transpercent et le figent sur place. Il sent la main de son père perdre de sa stabilité et trembler. Le tigre n’est pas roux, c’est comme s’il avait tellement neigé sur sa fourrure qu’elle s’était empreinte de cette blancheur, et il se tient couché devant eux, d’un calme souverain, les yeux promettant la mort au moindre outrage.
Alors son père retrouve sa stabilité et le fait fermement s’agenouiller dans la poudreuse gelée.
« Témoigne tes hommages au fils du Ciel, mon garçon. S’il doit prendre ta vie, ce sera un honneur. » Ce n’est qu’un murmure mais il l’entend comme un éclair qui frappe la terre dans l’orage sec du sud. Sarshuvuu s’enfonce alors la tête dans la neige, indifférent à sa morsure, tellement son cœur bat l’adrénaline dans son corps exalté.
Il entend les pas lourds de l’animal se rapprocher et n’a qu’à lever un peu la tête pour fixer les puissantes pattes devant son nez. Le tigre le renifle, son haleine chaude, si dangereuse, hume son visage. Son père cesse de respirer, mais lui n’a pas peur, son exaltation est supérieure. Et alors le tigre s’en va, le pas soudainement aérien, comme une ombre blanche dans la pénombre de ce jour.
Sarshuvuu se fait la promesse de retrouver sa trace, et de se montrer digne de sa force.
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Quel est son statut familial ?► C’est un loup solitaire qui s’en va et vient dans les villages sans s’y attarder, hormis le camp TianLang où il hiverne tous les ans. Ses relations ne résistent pas à l’appel des steppes et s’éloignent en lui disant qu’il est trop amoureux de sa liberté pour réellement aimer une compagne. Il sait pourtant qu’il apprécie trouver le réconfort et la douceur chez les femmes dont les rondeurs adoucissent les crètes acérées de son tempérament.
L’envie de fonder une famille le taraude de plus en plus alors que les années passent et s’attardent sur ses épaules, et dans les ridules qui apparaissent aux coins de ses yeux. Il est le dernier de sa lignée, l’hiver, la vieillesse, les Aberrations, tout ce qui compose la vie dans ce monde lui a pris les siens un par un. Ce n’est pas une grande tragédie mais même le loup le plus solitaire finit par se languir de fonder sa propre famille.
Il s'attarde ainsi de plus en plus longtemps dans ses hivernations.
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Quel est l'objet et/ou l'animal et/ou la personne auquel il tient le plus ?►
Salkhulaan (« vent-roux »): Son
cheval est un petit étalon bai brûlé à la crinière épaisse et ébouriffée (1.35 au garrot - 6 ans) . Digne représentant de l’ancienne race des steppes, sa taille est courtaude, sa tête épaisse, son échine large et son encolure puissante. Il a l’œil vif et une endurance sans commune mesure. Résistant à l’hiver du grand nord, il n’a besoin ni de fers ni de soin particulier. C’est un animal farouche et peu sociable, couvert de cicatrices sur des muscles puissants. Ce tueur de prédateyrs ne craint pas les tigres et il y a peu d’hommes ou de femmes qui l’impressionnent. Sarshuvuu le monte sans mors, se contentant des anneaux de joues et de la pression de ses jambes, ayant enlevé de sa selle le quartier limitant leurs actions.
Baruul (« tigre-montagne ») : Ce
chien quitte rarement ses côtés, il est comme une ombre immense qui se meut dans ses pas. C’est un énorme bouvier de trois ans, de race bankhar, aussi vieille que l’amitié entre les hommes et les chiens dans le grand nord, qui est gros comme un poney (80 cm au garrot), au pelage noir et roux. Ses mâchoires puissantes sont capables de briser l’échine d’un tigre et les loups s’enfuient à sa vue, la queue entre les pattes. Baruul est un animal de Traque dressé tant pour la chasse du gibier que des Aberrations et son flair est souvent infaillible. D’une fidélité sans borne pour son maître, il l’a sauvé à de multiples reprises des crocs, de la souillure ou du blizzard qui avaient manqué de l’envoyer rejoindre le Ciel. Mais Baruul est rétif avec le contact d’autrui et dévoile promptement ses canines aux inconnus.
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Précisez sa principale qualité et son principal défaut selon lui. Cela correspond-il à la réalité ? Si non, précisez également quels sont-ils objectivement. ► Sarshuvuu se sait aussi fiable que Salkhulaan et aussi fidèle que Baruul. Comme eux, il est farouche et insaisissable à l'instar du blizzard du nord. Ses campagnes successives le lui ont assez reproché pour que cette vérité s’imprègne dans son esprit. Mais il est têtu, et fier de la façon dont le vent des steppes a forgé ses arrêtes vives, et ne compte pas changer. Il est sans doute trop tard pour ça, de toute façon. Et il est trop peu patient pour les ronds de jambes sociaux. Seules les bêtes et la chasse peuvent le restreindre à l’attente.
Il se sait aussi solitaire à outrance, peu loquace et aussi taciturne que le vent qui devient une violente bourrasque après une douce brise. Il est prompt à dire la franche vérité, sans s’embarrasser des subtilités et des sentiments, et la colère ne lui fait pas peur, quoi qu’il ne s’en aveugle pas. Il a eu son lot de duels ou de simples bagarres un peu trop imbibées de koumi, et plus d’une lèvre fendue pour une parole trop acerbe.
La sociabilisation n’est clairement pas son fort. Sarshuvuu préfère le silence des steppes qui bruissent des sons d’une vie plus simple : du prédateur qui pourchasse sa proie, et qui parfois s’en fait tuer, de l’orage qui gronde dans le lointain et du vent du nord qui charrie l’appel de l’hiver. C’est un monde plus facile à comprendre que celui des hommes.
Même auprès des nomades d’Akkan, ses racines sont « sauvages » et vieilles, lointaines également, car elles remontent dans le grand nord où paissent les rennes. L’héritage oral de sa famille disparue parle à ses oreilles le conte d’une migration vers le sud pour suivre le cheval blanc envoyé par le Ciel pour les guider vers leurs nouvelles terres. Sarshuvuu y tient profondément. Mais il y a eu un autre cheval blanc pour le mener, aux portes de la mort, soumis à une fièvre délirante, au pas des tentes de TianLang. Il y a planté de nouvelles racines qu’il est fier de défendre de toute sa force et de la fougue de son courage.
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Précisez sa taille, son type de silhouette, la couleur et la longueur de ses cheveux, de ses yeux, et ses éventuels signes particuliers.► C’est un homme plutôt petit (1m68), aux jambes légèrement arquées par l’équitation, mais bien bâti par ses errances dans les steppes et ses longues chevauchées dans une nature farouche. Son calme tranquille lui donne une allure de tigre qui ne craint rien ni personne et en impressionne plus d’un. Mais ce qui déconcerte le plus sont ses yeux d’un bleu si clair qu’ils en tirent vers le blanc et qui ne laissent passer que peu de ses émotions. Sa bouche non plus ne sourit pas souvent ; il se révèle seulement aux femmes qui réussissent l’exploit de lisser sa fourrure méfiante.
Sa peau est halée par une vie passée dehors, sous les affres du vent et l’éclat du soleil. Quelques ridules sont récemment apparues aux coins de ses yeux, témoignant des années, mais son corps reste tonique et vif. De nombreuses petites cicatrices pâles parsèment sa peau. C’est qu’il en a vécu des combats dans sa vie. En témoignent également ses mains caleuses et rudes, plus habituée aux armes qu’aux caresses, mais qui se dévoilent d’une grande douceur quand elles agissent sur les rênes d’un cheval ou le corps d’une femme.
Ses cheveux noirs sont quelque peu ondulés, et deux-trois mèches blanches les parsèment. Il les attache souvent d’un nœud rapide, plus pratique qu’esthétique, et ne les brosse pas suffisamment pour leur éviter les nœuds et la poussière. Il aime porter des habits chauds confectionnés en peaux et en fourrures du gibier qu’il a chassé et qui n’entravent pas ses mouvements. Une chose que Sarshuvuu a en horreur, c’est d’être engoncé dans des robes trop raides. Et la chaleur, qui le fait souffrir dès que le printemps se détourne vers l’été.
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Quelle est l'Aberration qu'il redoute le plus ?► Il craint le plus les chiens de Fô corrompus car ils sont proches des bankhars. Or il croit aux anciennes traditions orales de sa famille qui leur accordaient des propriétés « magiques ». Il entend encore sa grand-mère raconter que plonger leurs poils dans de l’huile guériraient les douleurs articulaires, que la pluie viendrait apaiser une sécheresse si on recouvrait un chien bankhar d’une couverture de laine, qu’ils étaient un cadeau du Ciel pour protéger les hommes de la vie rude des steppes et qu’en retour, les hommes devaient les enterrer sur les sommets d’une montagne pour qu’ils rejoignent le Ciel.
Il craint donc que ces Aberrations soient le fruit de l’âme de bankhars corrompues par la souillure.
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Son souhait le plus récent ► Son plus grand souhait est le même depuis toujours, depuis ce lointain souvenir le plus ancien : retrouver la trace du tigre blanc et l’affronter pour lui témoigner sa force et honorer le Ciel.